Mohamed M'rini, membre du Conseil de la ville de Casablanca, et responsable du secteur des avocats de l'USFP dans la capitale économique, demande à la justice d'aller jusqu'au bout de son enquête dans l'affaire Laâfora-Slimani. Entretien. ALM : Quelle est votre première réaction par rapport à l'arrestation des responsables locaux de Casablanca ? Mohamed M'rini : Les poursuites judiciaires en cours, prouvent qu'il y avait dans le passé une coalition d'intérêts composée de corrompus - corrupteurs, qui disposaient d'un pouvoir d'influence politique et financier très important et qui, pour arriver à ces fins, procédait à la falsification des élections et à la main mise sur les institutions représentatives locales et nationales. Car, en mettant la main sur les sphères de la décision politique au niveau national, elle s'accaparait les richesses du pays. Le phénomène Slimani-Laâfora n'est qu'un maillon parmi d'autres dans cette chaîne qui dénote de la gravité des actes accomplis et des crimes économiques perpétrés à l'encontre du peuple marocain et de ses masses déshéritées. Comment expliquez-vous ce lien? Il est certain qu'il y a un lien à Casablanca entre ces actes d'enrichissement illégal et la prolifération des ceintures de pauvreté et des zones à haut risque, qui sont à l'origine de l'extrémisme et du terrorisme. Estimez-vous alors que ces poursuites sont justifiées ? L'application de la Justice et de l'Equité commence par ce genre d'affaires. Car, le peuple marocain tout entier était victime de ces transgressions de la loi. Les personnes détenues aujourd'hui n'auraient certainement pas agi de la sorte si elles ne disposaient pas d'une couverture quelque part. Il suffit de rappeler à cet effet qu'il s'agit d'un ex-gouverneur et d'un ancien président de la Communauté urbaine. En tant qu'avocat, je demande que l'enquête puisse aller jusqu'au bout à fin d'établir la vérité sur les personnes responsables de la dilapidation des deniers publics. Je souhaite également que les mesures actuelles soient différentes de celles que nous avons connues en 1996, lors de la fameuse campagne d'assainissement, lorsque M. Laâfora était membre de la Commission chargée de cette campagne à Casablanca. Voulez-vous dire que les temps ont changé par rapport au passé? En effet. Car, dans ce passé auquel vous faites allusion, la corruption et le détournement des deniers publics faisaient école au Maroc. Mais, il faudrait reconnaître que la situation s'est nettement améliorée. Il y a un nouveau climat en ce qui concerne les domaines de la gestion des affaires publiques, aussi bien sur le plan national que dans les sphères régionales et locales. Croyez-vous donc que l'Etat dispose actuellement d'une stratégie d'assainissement ? Je ne crois pas en l'existence d'une stratégie dans ce sens, mais nous constatons tous que depuis l'avènement du gouvernement de Abderrahman Youssoufi, en 1998, un nouveau climat s'est installé dans l'ensemble des sphères de décision. Plusieurs dossiers ont été évoqués au niveau du Parlement, du gouvernement et sur les colonnes de la presse, partisane soit elle ou autre.