Les poursuites judiciaires engagées contre Slimani, Laâfora et compagnie ne sont que le début d'une série de dossiers sur lesquels travaillent les enquêteurs de la BNPJ. Selon des sources concordantes, l'ex-président de la commune urbaine et vice-président de la Communauté urbaine de Casablanca, Mohamed Kemmou, aurait été convoqué par la PJ. Cette fois, ce ne sera pas une campagne d'assainissement précipitamment déclenchée et orchestrée par certains secteurs afin de régler des comptes personnels comme ce fut le cas, par le passé. Les poursuites engagées par le ministère public contre des ex-responsables de la gestion des affaires publiques locales à Casablanca sont le fruit de plusieurs mois d'enquêtes, d'investigations, d'auditions et d'interrogatoires brillamment menées par la section locale de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Les résultats de ce travail minutieux des enquêteurs a permis au procureur du Roi près la Cour Spéciale de Justice (CSJ) d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre des accusés dont une dizaine sont poursuivis en état d'arrestation. Et c'est cette volonté de faire un travail minutieusement mené et d'un respect des procédures qui a fait en sorte que l'enquête de la police judiciaire ait duré plus de six mois avant d'atterrir devant la CSJ. Abdelmoughit Slimani et Abdelaziz Laâfora, en plus de huit autres personnalités sont aujourd'hui en état d'arrestation et sont désormais poursuivis par la justice dans le cadre d'un dossier aussi complexe et compliqué que la trame tentaculaire de favoritisme et de clientélisme que ces deux ex-responsables ont pu tisser durant les années où la destinée de la capitale économique était entre leurs mains. Ils ne seront pas seuls d'ailleurs puisque leur dossier n'est que le premier épisode d'un feuilleton qui promet d'être riche en suspenses et en émotion. Un autre ex-magnat de la vie communale casablancaise devrait être entendu dans le cadre de certains dossiers louches de la gestion communale de la capitale économique. Il s'agit de Mohamed Kemmou, ex-président de la commune urbaine de Hay Hassani et bras droit de l'ex-président de la Communauté urbaine, Abdelmoughit Slimani. Selon des sources concordantes, l'ex-député aurait été convoqué par la BNPJ dans le cadre d'une plainte concernant des irrégularités enregistrées dans la gestion du marché du gros et de l'octroi du marché de construction des abattoirs de la wilaya de Casablanca. Une information démentie par Kemmou lui-même. Dans un entretien téléphonique avec notre rédaction, Mohamed Kemmou affirme qu'il n'a reçu aucune convocation de la part de la police judiciaire. "Je vous assure que je ne fais l'objet d'aucune poursuite et que je n'ai reçu aucune convocation de la police judiciaire, je dois aussi vous dire que je n'ai absolument rien à voir avec les affaires pour lesquelles sont poursuivis Slimani et Laâfora", a-t-il précisé à notre rédaction. Pourtant, tout semble indiquer que l'ex-président de la commune Hay Hassani serait la deuxième étape de ce qui sera désormais connu comme le dossier de "la gestion frauduleuse de Casablanca". Des malversations, des détournements de fonds, et de l'abus de pouvoir dans l'octroi de marchés publics sont des faits qui sont reprochés aux prévenus. Dans le cas de Kemmou, il s'agit, entre autres, de plusieurs plaintes concernant des irrégularités dans l'octroi de marchés publics. Il est question notamment du marché de gros, des abattoirs, de la gare routière et des dizaines d'autres marchés qui auraient été attribués sans appel d'offres et dont les budgets ont été exagérés d'une manière préméditée. En somme, ce sont des montants qui se chiffrent en milliards de DH qui seraient allés atterrir dans les comptes des ex-gestionnaires de la capitale économique. De la résidence Ouled Ziane au projet de Fouarate, en passant par plusieurs autres affaires qui ont profité aux intéressés qui se sont enrichis aux dépens du contribuable. Et si dans le cas du premier, les détournements n'ont eu lieu qu'après réalisation, dans celui du deuxième, les budgets ont disparu sans que le projet ne soit réalisé ce qui atteste du niveau de corruption que le système communal avait atteint à Casablanca. Enfin, il est certain que l'appareil judiciaire est déterminé à aller jusqu'au bout dans les poursuites contre tous ceux dont les enquêtes indiqueront l'implication dans la trame des Slimani, Laâfora et compagnie.