L'affaire Slimani-Laâfora passe à une nouvelle étape. L'instruction du dossier terminée, la cour d'appel de Casablanca devra fixer, dans les prochains jours, la date du début du procès. Le dossier Slimani-Laâfora est bouclé. Le juge d'instruction chargé de l'affaire, Jamal Serhane, est arrivé au bout de son enquête. La cour d'appel devra donc fixer, dans les prochains jours, la date de la première audience du procès qui sera engagé à l'encontre des personnes poursuivies par le parquet. Après presque une année d'interrogatoires des accusés, d'auditions des témoins et de confrontations entre les uns et les autres, une nouvelle étape commence, la semaine prochaine, pour ce dossier qui a accaparé l'intérêt de l'opinion publique et qui a occupé la scène médiatique nationale. Aujourd'hui, donc l'affaire passe à une nouvelle étape et entre dans un nouveau processus qui ne manquera pas lui aussi de susciter l'intérêt de l'opinion publique. Toutefois, la couverture du déroulement de l'affaire devant la cour d'appel de Casablanca permettra d'éviter la propagation de la rumeur et de la désinformation comme ce fut le cas lors de l'instruction. Sachant que cette étape requiert la discrétion totale de la part de ceux qui sont chargés de l'instruction pour des raisons évidentes, le procès lui est public ce qui rendra l'information le concernant plus accessible et évitera la prolifération de l'intox. Rappelons que, durant les quelques mois que l'instruction a duré, plusieurs fausses informations et une multitude de rumeurs ont été véhiculées par la presse et dont la véracité n'a jamais été prouvée. C'est dans ce cadre que l'on peut classer l'information publiée dans la presse nationale sur une prétendue visite que le célèbre avocat français, Jacques Vergés, aurait effectuée, il y a quelques jours, au Maroc pour jouer un rôle de médiateur entre les autorités marocaines et l'ancien ministre d'Etat à l'Intérieur, Driss Basri, qui se trouve actuellement en France. Une information qui a été catégoriquement démentie par le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, qui affirme que l'avocat français n'est pas venu au Maroc et qu'il n'a rencontré aucune personnalité marocaine pour s'entretenir avec elle sur l'affaire Basri (voir ci-contre entretien du ministre). À ce propos, le ministre assure que les poursuites engagées par le ministère public contre l'ex-président de la Communauté urbaine de Casablanca, Abdelmoughit Slimani, et l'ex-gouverneur, Abdelaziz Laâfora, est une affaire qui relève de la justice et qui ne revêt aucun caractère politique. Les différentes lectures sur une prétendue utilisation du procès pour faire pression sur l'ex-ministre de l'Intérieur sont infondées. Comme le sont les rumeurs qui ont fait état de l'implication de son épouse, Hajja Fatiha Basri. Toutefois, ce qui est certain est que M. Basri a été convoqué par le juge Serhane dans le cadre de l'instruction de l'affaire pour qu'il réponde à des questions du dossier où son nom a été cité par les personnes interrogées. Une démarche normale dans toute instruction et qui consiste à donner la parole à toute personne dont le nom a été évoqué pour qu'elle donne sa version des faits. La convocation de Driss Basri lui a été adressée à son domicile à Rabat et si le juge l'estime nécessaire, il pourra demander une commission rogatoire pour qu'il soit entendu à Paris conformément à la convention judiciaire qui lie le Maroc à la France. Par ailleurs, le dossier a été limité au sujet qui avait été à l'origine de son déclenchement à savoir la plainte déposée par l'entrepreneur suisse, Jean-Victor Lovat, contre Slimani et Laâfora. Cet entrepreneur spécialisé dans le bâtiment assure avoir été victime de ces deux hommes qui l'auraient utilisé pour détourner des fonds communaux de Casablanca et qui seraient derrière son emprisonnement au Maroc pour des chèques sans provision. Rappelons que Lovat avait obtenu des marchés publics très importants à Casablanca notamment le projet Hassan II de relogement des bidonvillois de Hay Mohammedi. Un projet qui a été détourné de son objectif initial par les ex-patrons de la capitale économique. L'enquête menée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) et l'instruction menée par la suite par Me Serhane alors juge d'instruction près la Cour spéciale de justice (CSJ) avant sa dissolution, permettra de démanteler la trame tissée par les deux anciens hommes forts de Casablanca ce qui a fait tomber plusieurs têtes. Il s'agit notamment de l'ancien président de la commune urbaine de Aïn-Sebaâ, Lahcen Haïrouf. C'est le cas aussi de celui qui était le bras droit de Hicham Basri, le fils aîné de l'ancien ministre de l'Intérieur, et son homme de paille, Abderrahim Qanir. Arrêté durant la première phase de l'enquête, le juge Serhane lui accorda la liberté provisoire avant d'ordonner son arrestation quelques jours avant le bouclage du dossier. L'instruction de l'affaire a aussi connu des moments où la politique a été très présente. La convocation par le juge du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et ex-président de la commune de Aïn-Sebaâ, Abderezzak Afilal. Accusé par Haïrouf d'avoir profité de son mandat pour s'approprier de la villa où il réside actuellement, il sera entendu par le juge, mais aucune charge ne sera retenue contre lui. Ainsi, le procès qui commencera dans quelques jours sera certainement le début de la fin de l'une des premières affaires engagées contre le système corrompu installé par l'ex-ministre de l'Intérieur et qui a fait des collectivités locales marocaines une source d'enrichissement personnel aux dépens des intérêts publics.