Avant lui, plusieurs mis en cause ont nié les charges retenues contre eux. Mais pas lui, il ne peut pas. Sur la scène du crime, il n'a pas laissé que des traces, mais tout un cadavre. Celui de son frère. De plus, ses parents l'ont vu commettre cet odieux fratricide. D'abord, les voilà qui se tiennent assis sur leurs sièges à la salle d'audience réservée à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Sa mère fond en larmes quand il vient d'y pénétrer escorté par deux policiers. Par contre, son père le fixe d'un regard dur qui n'exprime aucun sentiment et en même temps comme s'il retenait ses larmes. Tout d'un coup, il lève la main pour répondre au salut de son fils aux regards fixés sur l'assistance. «Je n'avais pas l'intention de le tuer, M. le président… Personne ne pense à tuer son frère», affirme le mis en cause quand le président de la Cour lui a demandé s'il avait l'intention de mettre fin à la vie de son frère. «Il me demandait tout le temps d'arrêter la consommation du haschich», ajoute-t-il. Il s'appelle Abdellah et il a vingt-huit ans. Il a quitté tôt les bancs de l'école pour rejoindre la bande des chômeurs de son quartier. En fait, il était un paresseux, partisan du moindre effort qui n'a jamais pensé trouver un quelconque emploi. Ses parents lui donnaient quotidiennement quelques pièces d'argent pour s'acheter des cigarettes. Au fil du temps, il s'est mis à consommer de la drogue au point d'en devenir accro, un vrai toxicomane qui a besoin chaque jour de sa dose de haschich. Ses dépenses augmentaient au fil des jours alors il a commencé à voler les objets de chez ses parents pour les revendre au marché aux puces. Son frère, employé dans le secteur privé, religieux, lui reprochait des fois ses comportements qui portaient atteinte à toute la famille. Il lui demandait de chercher un emploi pour gagner sa vie et aider ses parents au lieu de leur voler les objets. Des reproches que ce toxicomane n'a pas appréciés, et en réponse il s'est mis à insulter son frère. Hors de lui, le frère moralisateur a giflé le toxicomane, qui n'a pas perdu une seconde et s'est dirigé à la cuisine pour chercher un couteau. A son retour il n'a pas cherché à parlementer et a asséné deux coups mortels à son frère. Et il s'est assis devant le corps inerte attendant que la police arrive. Verdict : 20 ans de réclusion criminelle.