Ils sont deux frères. Tous les deux ont abandonné tôt leurs études et ils n'avaient pas l'intention de chercher de quoi gagner dignement leur vie. Et pourtant, ils n'hésitaient pas à se droguer et à violer collectivement une jeune fille. Ils sont deux frères qui étaient au box des accusés. Ils ne sont pas des jumeaux. L'un était à son dix-neuvième printemps et l'autre était son aîné de trois ans. Et pourtant, ils sont comme deux gouttes d'eau. Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. La salle d'audience était archicomble. Avec les larmes aux yeux, la mère des deux frères occupait un siège, près de son unique fille. Elle ne savait pas à quel saint se vouer. Depuis la mort de leur père, elle a déployé tous ses efforts pour subvenir à leurs besoins. En fait, elle y est arrivée. Seulement, toute seule, elle n'a pas pu les mettre sur le bon chemin. La preuve : ses deux enfants sont devenus, encore adolescents, des drogués. L'un d'eux avait déjà purgé une peine d'emprisonnement de trois mois ferme pour complicité au vol simple. Cependant, cette fois-ci, il était accusé, avec la complicité de son frère, de séquestration et viol d'une jeune fille. Il était 18 h 30 d'un jour hivernal quand celle-ci était à destination de chez elle après avoir quitté le bureau. Parce qu'elle demeurait non loin de son emploi, elle empruntait son chemin à pied. Elle n'avait pas besoin d'utiliser un moyen de transport en commun. En fait, elle n'a pas remarqué les deux jeunes garçons qui suivaient ses pas. Ce sont les deux frères qui la guettaient tout au long du chemin. Tout d'un coup, l'un d'eux s'est collé à elle et lui a mis un couteau sous l'aisselle gauche. L'autre l'a rejoint. Tous les deux lui ont ordonné de ne prononcer le moindre mot et de garder son calme comme si elle était en leur compagnie. Il y avait peu de gens qui passaient. Ils n'ont rien remarqué. Les deux ravisseurs la conduisaient tout en la menaçant. Elle n'avait pas le choix. Elle a gardé le silence avec les larmes qui coulaient de ses yeux. Ils l'ont conduite jusqu'à un jardin public. Il n'y avait personne. La jeune fille s'attendait au pire. Elle sanglotait et les suppliait de ne pas lui faire du mal. Mais en vain. Ses supplications étaient vaines et ne perturbaient pas la conscience des deux frères. Au contraire, c'était comme si ses gémissements les excitaient. Ils lui ont enlevé sa jupe et l'ont obligée à se détendre sur un siège. Elle a cédé. Sinon, elle serait tabassée ou poignardée. Devant les regards et le sourire de l'un, l'autre abusait d'elle. Sans pitié, ils l'ont violée à tour de rôle. Quand elle leur demandait de la relâcher, celui qui abusait d'elle n'hésitait pas à la gifler. Ce n'est que deux heures plus tard qu'ils l'ont relâchée. Dans un état lamentable, la jeune fille est rentrée chez elle. « Je n'oublierai jamais ce qu'ils m'ont fait, M. le président. Ils m'ont traité comme une bête», a-t-elle balbutié devant la Cour toujours avec les larmes aux yeux. Le lendemain, elle a été conduite par sa mère vers l'hôpital. Le médecin lui a remis un certificat médical attestant qu'elle a été violée et que son hymen a été défloré. Les deux frères qui ont avoué leur crime n'arrivaient pas à la fixer quand elle racontait ce qui lui est arrivé. Ils ont affirmé devant la Cour qu'ils étaient sous l'effet de la drogue, qu'ils étaient inconscients et qu'ils avaient regretté leurs comportements. Un regret qui ne changerait rien puisque cette horrible tragédie restera gravée dans l'esprit de cette jeune fille et qui ne changera pas dans l'attitude de la Cour qui a pris sa décision après les délibérations : cinq ans de réclusion criminelle contre les deux frères.