L'UMT est divisée. Depuis le 22 mars, date d'expulsion du secrétariat national de l'UMT d'Abdelhamid Amine, Khadija Rhamiri et Abderrazzak Drissi, Abdelhamid Amine, également membre du secrétariat général de l'AMDH et d'Annahj Addimocrati et ses partisans ne semblent pas vouloir lâcher prise et veulent maintenir leur adhésion totale à l'UMT. Et de ce fait, plusieurs structures de la centrale sont divisées en deux, en premier lieu l'Union régionale de Rabat-Salé-Témara, la Fédération nationale de l'enseignement (FNE), la Fédération nationale des ouvriers et fonctionnaires des collectivités locales (FNOFCL), l'Union syndicale des fonctionnaires (USF), et la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA). Chacune de ces structures dispose de deux directions et chacune revendique une légitimité organisant ses propres congrès. Le conflit oppose une frange de la centrale acquise aux syndicalistes de la gauche radicale à ce qu'ils appellent la bureaucratie syndicale. Et la confrontation entre les deux clans a atteint son apogée lors des incidents survenus, jeudi 26 juillet, devant le siège de l'UMT à Rabat. Et chacun y va de sa version des faits. Mais pour le secrétaire général du syndicat, il ne s'agit nullement d'une confrontation. «Un groupuscule comprenant des personnes, qui n'appartiennent même pas au syndicat, a profité de la période du «f'tour» et la prière des «tarawih» pour occuper le siège du syndicat à Rabat. Les responsables sont parvenus par la suite à les déloger. Aujourd'hui, le travail syndical a repris son cours normal dans le siège», explique Miloudi Moukharik. Plus virulent, un communiqué signé par le nouveau bureau régional de Rabat issu d'un congrès régional organisé en mai dénonce «un acte terroriste par un groupuscule mené par le fasciste Abdelhamid Amine». Pour sa part, Abdelhamid Amine explique qu'il s'agissait en fait d'un sit-in devant le siège de l'UMT pour protester contre la persistance de la fermeture du local de l'UMT (depuis le 9 mars dernier) devant «la plupart des secteurs et militants démocrates qui refusent de faire allégeance à la bureaucratie prévaricatrice locale». Selon lui, «ce sit-in, le 10ème du genre, s'est transformé, à cause de jets de pierres de personnes du haut du siège, en confrontation directe à l'intérieur du siège». Mais qu'importe les faits, un constat s'impose: aujourd'hui la crise interne de l'UMT mêle dangereusement des considérations politiques et syndicales. Et pour cause, selon le numéro un du plus ancien syndicat du Maroc, le problème avec les responsables expulsés n'est ni personnel ni lié à l'action syndicale, mais il est plutôt d'ordre politique. «L'UMT est un syndicat de masse ouvert à toutes les tendances politiques sauf un parti. Il s'agit bien évidemment d'Annahj Addimocrati qui n'est pas le bienvenu aujourd'hui. Les personnes expulsées qui sont des membres de ce parti ont voulu domestiquer notre syndicat», déclare-t-il. Et de poursuivre: «Il s'agit pour nous de préserver l'indépendance de l'UMT de l'influence des partisans d'Annahj avec qui nous ne partageons pas les mêmes positions sur le dossier du Sahara marocain ainsi que les institutions du pays». Pour sa part, Abdelhamid Amine estime qu'il s'agit plutôt d'un conflit entre les démocrates anti-prévarication et les bureaucrates syndicaux. : «Les gens d'Annahj ne représentent que 5% du courant démocratique. Cette bureaucratie prévaricatrice a peur pour ses intérêts, c'est pour cela qu'elle est passée à l'offensive afin d'éradiquer les démocrates de l'UMT», conclut-il.