Révoltés, ils le sont tous les trois. Abdelhamid Amine, Abderrazzak Drissi et Khadija Rhamiri refusent catégoriquement leur exclusion du secrétariat national de l'UMT qu'ils qualifient de « mesure inique ». Une semaine après la décision, dont ils ont fait l'objet, ils ripostent avec force par l'organisation d'une conférence, hier au siège du Syndicat national de la presse marocaine, pour « éclairer l'opinion publique ». Y a-t-il une crise à l'UMT ? Sans équivoque, la réponse de ces syndicalistes est un grand « Oui ». De leur exclusion, ils accusent clairement « la crise actuelle de l'UMT » où la démocratie, selon eux, « est malmenée sérieusement ». Pour eux, l'hémorragie a commencé par la résolution organisationnelle attribuée à la Commission administrative réunie le 5 mars dernier et qui « reste dans son essence et sa forme en totale contradiction avec les statuts de l'UMT et les normes démocratiques à l'intérieur des centrales », déclarent-ils dans un communiqué lu au cours de la conférence par Khadija Rhamiri. C'est cette résolution qui a permis, indique la même source, la dissolution du bureau régional de l'Union régionale de Rabat, Salé, Témara, puis le renvoi de deux autres militants Abdesslam Adib et Abdallah Lefatsa. Et ce n'est que le début d'une mésaventure, à en croire les trois syndicalistes qui crient au scandale de la fermeture du siège de l'UMT à Rabat, le 9 mars 2012. « Sous prétexte d'aménagements, les travailleuses et travailleurs ont été empêchés d'accéder à leur local pour régler leurs problèmes syndicaux », s'indignent-ils, soulignant dans leur communiqué que cette fermeture est « une violation dangereuse des libertés syndicales de la part de la direction, elle enlève toute crédibilité à sa revendication ». Les dessous de l'exclusion Et c'est en date du 22 mars que les trois membres du secrétariat national en question ont été exclus. « C'est une décision farfelue, irresponsable, lâche, illégale et illégitime », crient-ils. Et de préciser qu'à leur liste s'ajoute un membre de la commission administrative, ayant été lui aussi renvoyé par « un comité disciplinaire probablement virtuel ». A la mesure inique s'ajoute aussi la préméditation, à en croire ces trois dirigeants convaincus d'avoir été victimes d' « une offensive contre les démocrates connus pour leur combativité, leur intégrité morale » dont le but n'est autre que de « tenter de porter atteinte à leur renommée, de les isoler et de les évincer des positions de responsabilités », déclarent-ils. Et cette offensive serait directement liée aux résultats du 10e congrès de l'UMT où « les forces vives de l'organisation ont convenu de limiter les rapports bureaucratiques et de prévarication ». Les trois dirigeants de la centrale syndicale ne mâchent pas leurs mots estimant que « ces résultats (du 10e congrès) ont plutôt effrayé la bureaucratie traditionnelle au sein de l'UMT, le Makhzen et le patronat, qui les ont considérés comme une percée de la gauche à l'UMT, ont alors décidé de les contrer et d'annuler leurs effets, quitte à comploter pour organiser un putsch » (sic). « Nous ne partirons pas » Ils l'ont déclaré et martelé : pas question de quitter le navire de l'UMT ! « Nous continuons à assumer nos responsabilités en tant que membres du secrétariat national tout en demandant au SG et aux autres membres de tenir une plénière (avec ses 15 membres élus le 12 décembre 2010), en vue de dépasser la crise actuelle sur la base du respect des statuts de notre organisation et des résultats du 10e congrès », lancent-ils. « Nous ne partirons pas, nous sommes convaincus par notre droit de maintenir notre activité syndicale. Nous avons toujours défendu ce slogan : ce sont les bons éléments qui chassent les mauvais et non pas l'inverse », affirme Abdelhamid Amine. Et de s'insurger contre l'interdiction les empêchant de participer à toutes les activités syndicales de l'UMT : « Nous considérons notre exclusion comme arbitraire et illégitime. Nous n'avons pas faibli pour cause de cette exclusion mais plutôt le contraire. Nous continuerons à travailler comme si de rien n'était assumant notre rôle au sein du SN de l'UMT. Nous poursuivrons la diffusion de communiqués, l'organisation de conférences et nous n'hésiterons pas non plus à exprimer notre position à l'occasion des projets de loi sur les grèves et les syndicats », promet Abdelhamid Amine. Appel contre la bureaucratie Pour le trio, son exclusion fait légitimer, à ses yeux, le lancement d'un appel contre « la bureaucratie éradicatrice ». Dans son communiqué, il incite l'ensemble des forces démocratiques du pays à se joindre à son combat pour « instaurer la démocratie au niveau des organisations de masse et des partis politiques ». « Ce n'est pas parce que le local a été fermé que nous suspendrons notre travail. Nous organisons aujourd'hui la réunion du bureau régional devant le local », annonce Khadija Rhamiri. Le déclenchement du Printemps arabe et du Mouvement du 20 février stimulent la volonté de ces syndicalistes désireux d'aller jusqu'au bout. Le trio mériterait, peut-être, d'être appelé « les mousquetaires de l'UMT ».