Le deuxième opérateur de téléphonie mobile revient à la charge. L'entreprise annonce officiellement le non-recours au fixe. Une décision qui intervient à l'issue de la polémique qui oppose les deux opérateurs sur l'interconnexion. «Un jour ou l'autre, il faut couper le cordon!». La dernière campagne publicitaire de Médi Télécom diffusée le week-end dernier dans certains journaux ne fait pas dans la nuance. Le visuel de l'annonce-presse est révélateur à plus d'un titre : un zoom sur un ciseau qui coupe le fil d'un téléphone fixe. Le message est clair : le deuxième opérateur de téléphonie mobile change sa numérotation et devient la première entreprise marocaine 100% mobile. Dans l'annonce, on peut lire que « grâce à cette innovation technologique, Méditel affirme son indépendance». En d'autres termes, l'entreprise dont l'effectif s'élève à 600 personnes annonce officiellement le non recours à la téléphonie fixe. Une telle annonce n'a rien de gratuit dans le contexte actuel marqué par la tension entre l'opérateur historique Maroc Télécom et Médi Télécom. Il s'agit bien d'une réaction qui intervient suite à celle de Maroc Telecom à propos de l'affaire de l'interconnexion. On s'attendait pour autant à une réaction directe de la part du deuxième opérateur qui eut recours à la « subtilité » pour exprimer son mécontentement. Revenons aux faits. Le 14 janvier 2002, l'ANRT rend son jugement concernant le mode de tarification de l'interconnexion. La réaction du deuxième opérateur n'a pas tardé à voir le jour. Son état-major estime que le verdict de l'Agence «réduit considérablement le montant qu'IAM doit partager avec Médi Télécom en contrepartie de l'utilisation de son réseau de télécommunication », indique un communiqué de Médi Télécom. Et de poursuivre que « la protection exceptionnelle dont bénéficie Maroc Télécom, en matière du fixe favorise des financements croisés du fixe vers le mobile et fait obstacle à l'exercice d'une concurrence loyale». Il s'agit bel et bien d'une dénonciation de la décision de l'ANRT. Les responsables de Maroc Télécom ont attendu un mois avant de réagir publiquement. Le 12 février, l'opérateur national affiche son regret d'avoir été contraint de s'impliquer dans une polémique publique. Maroc Télécom souligne que son concurrent sur le créneau de la téléphonie mobile « tente de créer un amalgame en commentant la décision de l'ANRT». «Celle-ci concerne la méthode de facturation du trafic d'interconnexion et non les tarifs d'interconnexion qui restent identiques à ceux, définis le 22 mars 2000 par l'ANRT». Maroc Télécom fait savoir, qu'elle a été tout simplement lésée dans cette affaire. Faisant ainsi allusion au mode de facturation de l'interconnexion défendu par le deuxième opérateur. Et de poursuivre qu'une « une telle situation d'hétérogénéité aurait abouti à une sur-rémunération du trafic d'interconnexion dans la mesure où la grande majorité des appels a une durée inférieure à une minute ou à un multiple entier de la minute ». « Elle aurait contraint IAM à répercuter les surcoûts correspondants sur ses clients ». Par ailleurs, Maroc Télécom affirme que son fixe « contribue pour une part substantielle aux revenus de Méditélécom ». Pour défendre un tel constat, les arguments de l'opérateur historique font référence à la courbe d'évolution du nombre des abonnés du fixe et du mobile. Tout cela pour dire que les coûts de réseaux mobiles sont en diminution, alors que ceux et du fixe sont en augmentation. Auprès d'IAM, on souligne que « les coûts unitaires baissent lorsque le nombre d'utilisateurs croît » et vice versa ». La conclusion de l'opérateur historique se décline comme suit : « le revenu conservé par l'opérateur mobile dans le cas d'appels du mobile vers le fixe est très supérieur à la rétention d'IAM pour un appel du fixe vers le mobile ». A part le recours à la pub, la réaction officielle de Médi Télecom ne saura tarder.