Qu'on ne s'y trompe pas! La relativement faible prévalence du sida au Maroc ne signifie pas qu'il n'y a pas péril en la demeure : aujourd'hui, quelque 80.000 porteurs du virus ne savent pas qu'ils l'ont et, vivant dans cette ignorance, infectent leurs proches sans y prendre garde. Pour convaincre ceux-là de l'utilité du diagnostic précoce, les associations de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) –dont le sida est la plus emblématique– et le ministère de la santé ont lancé, jeudi à Rabat, une campagne de dépistage. Le ministre qui en a présidé la cérémonie officielle en présence des représentants des principales associations de lutte contre le sida, les représentants de la société civile et de praticiens, a révélé que la nouvelle campagne vise à répondre aux attentes de 70.000 personnes et qu'englobant les 16 régions, elle se poursuit jusqu'au 27 juin. Il a précisé que 150 centres du ministère y participent aux côtés de 50 autres relevant du privé. Lhoussaine Louardi qui est resté discret sur le coût de l'opération a cependant annoncé que 400 médecins y participent. Il a également affirmé que suivant les statistiques de l'année 2011, quelque 29.000 personnes étaient porteuses du virus tandis que 6.453 avaient déclaré leur séropositivité. Il a laissé entendre que ces chiffres restent en deçà de la vérité en déclarant que 80% des porteurs du virus VIH ignorent leur état, ce qui accroît les risques d'infection. Devant la gravité de cette situation, il nous est apparu indispensable de nous associer avec nos partenaires traditionnels pour cette campagne de sensibilisation qui entre dans le cadre de la dynamisation de la stratégie nationale de lutte contre le sida pour la période 2012-2016, a-t-il déclaré en substance. Il a précisé qu'afin d'assurer le plus large balayage à la campagne, ses moyens d'action seront appuyés par 8 unités mobiles de dépistage. 4.000 primo-infections (nouvelles infections) se seraient produites en 2011 alors que seulement 753 cas ont été dépistés. Ce qui montre que l'efficacité du dispositif de diagnostic précoce actuel n'est efficace qu'une fois sur trois, non pas par rapport à la population globale, mais simplement sur la base des groupes à risque. Dans le même temps, quelque 10.000 porteurs du virus auraient besoin d'un traitement antirétroviral et seuls 40% de ce total ont été pris en charge. Ces mêmes sources ajoutent que le but de la campagne est de sensibiliser particulièrement les jeunes et les femmes aux risques d'infection. Bien que des efforts aient été consentis pour améliorer l'accès au dépistage, notamment au moyen de l'introduction du test rapide en 2004 ainsi que la mise en place de centres gérés par les ONG, la détection des cas d'infection reste dramatiquement insuffisante tant par manque de possibilités que par méconnaissance des risques encourus. La stratégie 2012-2016 vise la réalisation de 2.000 tests en particulier dans les rangs des femmes enceintes afin de prévenir la transmission du VIH par la mère à l'enfant. Cependant la prévalence de la maladie reste faible (0,15%) , sauf chez les professionnelles du sexe et les homosexuels à Agadir (5%), et dans les rangs des usagers de la drogue injectable à Nador (22%). Depuis 1986, date du 1er cas d'infection, le nombre des sidéens a atteint 6.453 dont «4.169 au stade sida et 2284 porteurs asymptomatiques». La campagne est appuyée par des spots audiovisuels, des affiches et des dépliants ainsi que des messages sur les réseaux sociaux.