Le plan stratégique national de lutte contre le Sida pour la période 2012-2016 a été présenté, mardi à Rabat, sous le thème «ensemble pour concrétiser l'accès universel à la prévention et aux soins» et en présence de l'ensemble des partenaires nationaux et internationaux de la riposte à la pandémie. Pour le ministère de la santé, la mise en œuvre de ce plan constitue la riposte la plus appropriée à cette maladie, dont les premiers cas notifiés au Maroc remontent à 1986. Depuis cette date et jusqu'à fin décembre 2011, le nombre de cas VIH/Sida notifiés a atteint 6453 dont 4169 au stade Sida et 2284 porteurs asymptomatiques du VIH. Selon les estimations du ministère de la santé et de l'ONUSIDA à travers le logiciel spectrum, le nombre des personnes vivant avec le VIH dans le Royaume à fin 2011 est de 29.000 dont 10.000 nécessitent un traitement antiviral. A l'ouverture de cette cérémonie, le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi, a relevé que ce plan vise à réduire de 50 pc les nouvelles infections par le VIH et de 60 pc la mortalité due au Sida d'ici 2016 et à optimiser la gouvernance, la gestion et la riposte au niveau central et régional. La réussite d'un tel plan ne dépend pas uniquement de la prévention et du traitement mais également de l'amélioration de la qualité du cadre de vie où le citoyen doit jouir de tous ses droits les plus élémentaires en particulier à la santé, à l'éducation, à l'habitat et au travail, a-t-il relevé, précisant que le plan en présence est en cohérence avec les objectifs de la déclaration politique adoptée par les Nations unies lors de la réunion de haut niveau en juin 2011. Il s'agit d'un plan adapté à la réalité et aux spécificités du pays, dont la mise en œuvre s'inscrit dans le cadre de l'action du gouvernement et la mise en pratique des dispositions de la nouvelle Constitution portant notamment sur la consécration des Droits humains, a-t-il ajouté. Pour sa part, le ministre de l'Education nationale, Mohamed El Ouafa, a salué cette initiative visant à intensifier la lutte contre le VIH/Sida à travers la sensibilisation et le traitement appelant à la vigilance contre un tel fléau, qui cible avant tout les populations jeunes. C'est pourquoi les établissements scolaires doivent être les premiers visés par les campagnes de sensibilisation à organiser par le département de la santé et ses partenaires, a-t-il dit, affirmant que son département est disposé à contribuer à la réussite d'une telle action. De son côté, le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, s'est félicité des résultats réalisés au Maroc, qui mène un combat exemplaire contre le Sida, a-t-il affirmé. Il y a de quoi être fier en termes de prévention et de traitement des malades du Sida au Maroc, où l'être humain est au centre des préoccupations des responsables, a-t-il dit, ajoutant que le Maroc peut servir de modèle en la matière en Afrique, où les victimes de l'épidémie se comptent par millions. Il a également estimé qu'il n'est pas possible de parler de prévention sans aborder la problématique de l'habitat, de la situation dans les villes, du mouvement des populations et de nombre d'autres questions transversales dont il faut tenir compte, telle l'éducation des jeunes pour les préparer à négocier leur sexualité de manière plus responsable, a-t-il affirmé, appelant au renforcement de la coopération sud-sud pour aider l'Afrique à réduire sa dépendance de l'étranger pour s'approvisionner en médicaments dont les pays ont besoin. Le plan stratégique national de lutte contre le Sida, présenté, prévoit une série d'interventions phares visant l'extension des programmes de prévention contre la maladie pour atteindre la couverture d'au moins 60 pc auprès des personnes les plus exposées, y compris par le programme de réduction des risques pour les usagers de drogues injectables, la mise en œuvre de programmes de prévention pour les jeunes et les femmes en contexte de vulnérabilité, le lancement d'un programme de marketing social du préservatif et la création de 30 nouveaux centres de dépistage des ONG et l'intégration du dépistage dans 358 Centres de Santé et 55 Centres de diagnostic de la tuberculose et des maladies respiratoires avec deux millions de personnes testées d'ici 2016. Il sera également procédé dans le cadre de ce plan à l'extension du dépistage VIH chez les femmes enceintes pour atteindre la couverture de 80 pc des femmes enceintes vivant avec le VIH par la prévention de la transmission du VIH mère-enfant, à l'extension de la couverture par le traitement antirétroviral et l'appui psychologique et social pour atteindre 80 pc des personnes nécessitant un traitement d'ici 2016, au renforcement du partenariat avec le secteur religieux, le secteur privé et le milieu de travail et à l'élaboration d'une stratégie sur les droits humains et la lutte contre la stigmatisation et la discrimination dont sont victimes les malades du Sida avec l'implication du Conseil national des droits de l'homme (CNDH). Ce programme nécessité un budget estimé à 810 millions de dirhams sur 5 ans, dont 46 pc seront financés par le budget de l'Etat, 41 pc par le programme fonds mondial et 13 pc dans le cadre d'autres sources nationales, onusiennes et bilatérales. Au Maroc, rappelle-t-on, la prévalence du VIH reste faible dans la population générale (0,15 pc). La situation se caractérise notamment par une concentration de l'épidémie au sein des populations les plus exposées au risque de l'infection, confirmée à travers la surveillance sentinelle du VIH et les études bio-comportementales : Plus de 5% chez les professionnelles du sexe et chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes à Agadir, 22 pc chez les usagers de drogues injectables à Nador. Parmi les cas notifiés (6453), 58 pc se concentrent dans les régions de Souss Massa Draâ, de Marrakech-Tensift Al Haouz et du Grand Casablanca. Il est à noter aussi que la transmission du VIH au Maroc s'effectue principalement, selon le mode hétérosexuel (85 pc des cas déclarés) et que la transmission par usages de drogues injectables est plus élevée dans l'Oriental (25 pc des cas notifiés) et la région Tanger-Tétouan (10 pc). Selon une étude du ministère, 67 pc des nouvelles infections se produisent parmi les populations les plus exposées aux risques et 71 pc des femmes seraient infectées par leur conjoint atteint. A l'issue de la présentation de ce programme, il a été procédé à la signature et la lecture en langues arabe, amazighe et française du pacte d'engagement avec les partenaires pour la mise en oeuvre du Plan stratégique national qui comprend la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et des populations les plus exposées aux risques d'infection. Ont été également signés des conventions avec les associations bénéficiaires du programme d'appui du Fonds mondial ainsi que le plan conjoint d'appui des Nations unies à la riposte du Sida. L'heure n'est plus donc aux discours au ministère de la santé, où toutes les structures ont été alertées pour assumer pleinement leur rôle dans le but de gagner la nouvelle bataille contre l'épidémie du Sida.