Dans vingt-quatre heures, c'est la fête de l'Al Aïd Al Adha. Ceux qui n'ont pas encore acheté leur « Oudhia » vont courir les marchés aux moutons ce vendredi. Demain samedi, la société marocaine célébrera la fête de l'Al Aïd Al Adha. 4,8 millions de têtes, dont 4,5 millions d'ovins et 300.000 de caprins sont voués l'immolation, cette année, «tradition d'Ibrahim». Les transactions, à l'occasion, dégageront un chiffre d'affaires estimé à environ 6,3 milliards de dirhams. Une besogne, donc pour un monde rural éprouvé par deux années de sécheresse successives. Aujourd'hui les différents souks et autres poins de vente, en ville comme à la campagne, connaîtront une forte affluence. En effet, ceux qui n'ont pas encore acheté leur « Oudhia » vont scruter marchés et moutons ce vendredi. Ces deux derniers jours, les prix, soit dans la vente aux kilogrammes ou par tête, ont enregistré une augmentation. Les pluies qui se sont abattues le week-end dernier sur le pays, chose qui encourage les éleveurs à garder le cheptel, ont contribué à la flambée des prix. Mais selon certains connaisseurs dans le domaine, ce sont les intermédiaires, «chennaqa» qui sont à l'origine de cette hausse des prix. L'Aïd El Kébir représente pour ces «chennaqa» l'unique occasion de l'année pour gonfler leur recette. Ils cherchent à élargir au maximum leur marge bénéficiaire. Pour ce faire, ils gèrent l'approvisionnement des souks, de telle sorte à ce qu'il n'ait pas une offre de nature à contribuer à la chute des prix. Ainsi, ils s'arrangent, moyens de communication, portable, aidant, à n'introduire sur le marché que de petits groupes de moutons. S'ajoutent à cela, certaines pratiques qui refont surface chaque année à l'occasion. Ils privent les bêtes, entassées dans des entrepôts discrets, à proximité des souks, de boire pendant plus de 24 heures et les lâchent, juste avant leur entrée sur le marché, sur des abreuvoirs salés. Et ce, pour que le volume de la bête gonfle. D'autres poussent l'abject, plus loin, jusqu'à utiliser une pompe pour gonfler la bête en air. C'est pour cette raison que les acheteurs sont souvent accompagnés de quelqu'un de leur proche ayant une certaine connaissance sur le cheptel, pour ne pas être induit en erreur. Dans ces histoires de mouton à chaque fête, force est de constater qu'il n'y a pas que cela. L'occasion est saisie par les malfaiteurs qui gâchent la joie de l'Al Aïd à ceux qui tombent dans leurs filets. Dans certains cas, on vise le mouton et dans d'autres, c'est la somme d'argent, qui lui était réservée, qui est soutirée. L'occasion est également propice pour le commerce de produits nécessaires à la fête. Ainsi, les prix du foin, charbon, couteaux, poignards, couperets et certains outils indispensables, flambent et l'activité, du bon vieux rémouleur et autres aiguiseurs, bat son plein. Le jour de la fête, après l'accomplissement de la prière de l'Aïd à la «Msalla», c'est le cérémonial de l'immolation rituelle du mouton, généralement en présence de toute la famille qui se régale par la suite autour d'un méchoui en dégustant des brochettes dans un brouillard de fumée dégagée d'un «kanoune» et le soir on rend visite à ses proches et amis.