Deux nouveaux quotidiens gratuits d'information ont vu le jour, à la surprise générale, lundi 18 février, en France. Celle-ci se lance ainsi dans le conflit d'envergure qui fait rage dans plusieurs pays européens. En effet, le lancement de la France dans la presse quotidienne d'information alarme le secteur de la presse quotidienne française, déjà fragilisé par la récession publicitaire. Mais l'offensive de ce nouveau type de supports en France est engagée. A l'origine du concept de quotidiens entièrement financés par la publicité : le groupe suédois « Metro ». D'abord lancé le 13 février 1995 à Stockholm (Suède), le groupe a progressivement tissé sa toile dans treize pays : République tchèque, Hongrie, Pologne, Italie, Espagne, Grèce, Pays-Bas, Finlande, Danemark, Etats-Unis, Canada, Chili et Argentine. En France, l'introduction du quotidien gratuit français « Metro», filiale de Metro International, inquiète. Et il y a de quoi, en termes de lectorat (50 % de femmes) et toutes éditions confondues, «Metro» revendique «plus de 9 millions de lecteurs», ce qui le hisserait à la cinquième place des quotidiens les plus lus au monde, derrière l'allemand «Bild» et des journaux japonais. Le conflit d'envergure qui anime le milieu journalistique français s'articule autour de deux axes. Pour le quotidien français «Libération», c'est parce que «les Scandinaves sont les champions de l'imposition, que leurs entrepreneurs cherchent à échapper au fisc en investissant leurs bénéfices à l'étranger. Parmi leurs trouvailles, la presse gratuite, dont ils sont les spécialistes mondiaux. Leur modèle économique ? Des quotidiens sans rédaction et dans la déréglementation de tous les marchés. » (Libération). Ainsi, pour obtenir un quotidien gratuit le processus est simple : diminuer le nombre des journalistes, coller des dépêches d'agence, ajouter de la couleur dans un format tabloïd. Un cocktail qui est susceptible de priver les journaux, surtout populaires, d'une partie de leur lectorat. Alors qu'un grand quotidien français payant produit de l'information, la traite, la vérifie et l'analyse. Le prix payé à l'achat du journal est celui des bureaux, des envoyés spéciaux dans le monde entier, des reporters et enquêteurs. En clair, le prix de l'expertise, de l'intelligence, du repérage, du décryptage et des choix en fonction de valeurs propres à chaque journal. En outre, ce nouveau type de support arrive dans un marché réglementé par des lois au niveau de l'impression, la distribution et la publicité. Cette réglementation, se traduisant par des surcoûts, explique la cherté des quotidiens français. Parfois imprimés à l'étra-nger, ils sont distribués en dehors des NMPP (Nouvelles Messageries de la presse parisienne) et pratiquent le dumping en matière de publicité, ils créent une inégalité économique fondamentale entre les vrais quotidiens et le papier journal. Loin de ces conflits entre les vrais-faux journaux quotidiens, au Maroc, la presse écrite gratuite et quotidienne n'en est encore qu'à ses balbutiements. En effet, la presse gratuite régionale est exclusivement axée sur les petites annonces : Casa annonces, Rabat annonce…On relève aussi quelques mensuels marocains d'informations économiqueq ou financières tel que «les échos africains». Quelquefois des bulletins périodiques sont édités par des associations, imprimés à 300 ou 400 exemplaires pour des lecteurs extrêmement ciblés.