Encourager des activités de substitution à l'extraction minière, gérer la période de transition, donner une seconde vie à la ville de Jérada et ses environs et rétablir la confiance dans les potentialités de la région. Les avis de ceux qui suivent le dossier de près sont quasi-unanimes : Jérada n'a ni les moyens ni la vocation de développer un secteur industriel consistant. Certains intervenants, en pleine fermeture de la mine, avaient parlé d'activités économiques à fort potentiel technique, qui semblaient utopiques dans un contexte de sous-équipement en infrastructures de base, d'enclavement de la zone et de faiblesse du savoir-faire en matière d'exploration des marchés pouvant absorber les productions prévues. Il a fallu d'abord s'atteler à une tâche aux contours bien définis : la mise en place d'une plate-forme de développement adéquate conjuguée à une stratégie de fixation des populations et de réalisation d'équipements socio-éducatifs. Dans ce sens, les responsables ont compris que le salut de la province résidait dans la mise en valeur de ses atouts. D'abord, l'élevage (quelque 270.000 têtes ovines) dont il convient d'améliorer la qualité et le rendement. L'encouragement de l'élevage bovin, la mise en valeur des périmètres irrigués à Aïn Beni Mathar et la valorisation du patrimoine forestier, sont également des potentiels qui permettent de mieux réconcilier avec la terre et ses ressources une population qui s'était entièrement consacrée à l'exploitation minière. Ensuite, la promotion du secteur touristique local à travers la proposition de produits liés à la chasse et à l'aménagement de la belle Oasis de Guefaït, à une quinzaine de kilomètres de la ville. En un mot, il s'agit de mettre à contribution les différentes potentialités de la province dans le cadre d'un développement intégré et diversifié. Devant l'énormité de la tâche, un certain nombre d'intervenants ont d'une manière ou d'une autre démissionné ou se complaisent dans des attitudes négatives de dénigrement ou d'indifférence. La ville est d'abord pénalisée par les déchirements et les confrontations internes au sein du conseil municipal dont les membres en majorité, usfpéistes, s'entredéchirent et sont davantage préoccupés par les positionnements en vue des prochaines échéances électorales qu'à s'intéresser réellement au sort de la ville. Ce sont ces mêmes personnes, pourtant, qui avaient signé les accords sur la fermeture de la mine et la reconversion des activités de la région. Par ailleurs, l'entreprise des Charbonnages du Maroc (CDM), qui était passée sous la tutelle de l'ONE à la faveur des accords sur la fermeture, ne s'est pas acquittée des engagements qui étaient les siens, notamment dans le domaine de l'évacuation des déchets et ferrailles des installations désaffectées et de la liquidation saine de ses possessions, notamment des logements de la cité ouvrière, au profit des habitants indigents. Malgré tout, l'État a consacré, depuis la fermeture de la mine, des budgets assez importants, prélevés sur des comptes spéciaux, à la province de Jérada : quelque 160 millions de Dhs pour la mise à niveau du réseau d'eau potable, l'électrification de certains quartiers, la réfection des trottoirs, l'éclairage public, et la création d'une salle omnisports. Par ailleurs, deux lycées furent construits au cours des deux dernières années. Jérada a également besoin d'un hôpital provincial, pour prendre en charge notamment les graves problèmes des maladies professionnelles, en particulier les maladies d'ordre pneumonologiques (silicose). Le ministère de tutelle s'est engagé à s'en occuper, mais les réalisations concrètes tardent et les impatiences se font sentir parmi une population traumatisée. Alors, le mot d'ordre: redonner confiance à la population et l'inciter à prendre en mains son destin en bâtissant son avenir sur du solide, est plus que jamais d'actualité, et les bonnes volontés ne manquent pas dans cette région volontaire qui fait face courageusement à l'adversité.