Ils sont plusieurs milliers de Marocains à avoir effectué le déplacement à Tunis pour la finale de la CAN 2004 mais n'ont pu accéder au stade de Radès, faute de billets, épuisés la veille de la rencontre. Yassine est un jeune Casablancais qui adore le football. C'est un accro du ballon rond qui ne rate aucun match de son équipe favorite, le Raja. L'excellent parcours des Lions de l'Atlas dans cette 24ème Coupe d'Afrique des Nations ne pouvait le laisser indifférent. Juste après le coup de sifflet final de la rencontre qui a opposé mercredi le Maroc au Mali pour le compte des demi-finales, il a pris la décision de se déplacer en Tunisie pour encourager les poulains de Badou Zaki. Une fois sur place, il a été rejoint par ses deux frères et son oncle, travailleurs marocains en Libye. Jusque-là, le tableau est idyllique. Cependant, depuis vendredi matin, cette famille ne cesse d'arpenter les ruelles et boulevards de la capitale tunisienne à la recherche de la clé magique qui leur ouvrirait les portes du Complexe olympique de Radès: des billets pour la finale Maroc-Tunisie. «Nous sommes arrivés vendredi matin très tôt à Tunis et nous nous sommes dirigés directement au stade de Radès pour y acheter les billets. Là-bas, les guichets étaient fermés et les responsables nous ont demandé de nous adresser au consulat général du Maroc en Tunisie. Une fois sur place, nous nous sommes trouvés devant une énorme foule de Marocains désireux d'assister à la finale. Après plusieurs heures d'attente, nous avons rebroussé chemin». Vendredi soir, il était impossible de trouver les fameux billets même au marché noir. «Nous sommes prêts à payer 70 dinars (NDLR : 525 dirhams) le billet qui coûtait initialement 15 dinars (NDLR : 112 dirhams). Mais nous ne les trouvons pas», continue le jeune Casablancais qui se trouvait sur le boulevard Habib Bourguiba, cherchant des tuyaux auprès des marchands ambulants et des serveurs de café. Le même soir, des dizaines d'étudiants marocains en Tunisie, en médecine et pharmacie pour la plupart, se sont retrouvés devant l'hôtel Abou Nawas El Mechtel qui abrite le centre de presse de la capitale et les bureaux de la CAF et du COCAN. «Mon seul souci est d'encourager l'équipe nationale et montrer aux joueurs qu'ils ne sont pas seuls en Tunisie, que tout le Maroc est derrière eux», estime Tarik, étudiant à la Faculté de médecine de Monastir. Pour sa part, le comité d'organisation minimise ces difficultés. «Nous avons prévu 8.000 places pour les supporters marocains. Les tickets ont été remis aux autorités marocaines et à plusieurs points de vente spécialisés», a affirmé Slim Chiboub, président du COCAN. Mais il faut dire que le problème de billetterie s'est posé tout au long de cette édition, essentiellement à l'occasion de rencontres-choc opposant deux ténors du football africain ou celles de la sélection tunisienne. Les fans des Lions de l'Atlas ont été confrontés au manque de billets, il y a trois semaines, lors du match Maroc-Nigeria. Plusieurs centaines de Marocains ont en effet été obligés de suivre les débats de cette rencontre sur les écrans de télévision. Avant la rencontre Tunisie-Sénégal, comptant pour les quarts de finale de la compétition, les billets, se vendant au marché noir dans les alentours du stade de Radès, ont atteint quatre fois leur prix initial. Pour éviter ce genre de problème, le Comité organisateur de la CAN a ouvert 16 points de vente de billets dans des points stratégiques de la capitale tunisienne : station Bab Saâdoun, guichets du parc A et du parc B du stade Zouiten, d'El Menzeh ou encore Ksar Al Houssaïni à Hammam-Lif. Tous ont été pris d'assaut par des dizaines de milliers de Tunisiens et les quelque milliers de Marocains. Pour ceux qui n'ont pu accéder au stade de Radès, trois écrans géants, un à la place Bardo et deux au stade olympique El Menzeh, ont été mis à leur disposition par les organisateurs.