Pour un verre de vin rouge de trop, Mohamed a abreuvé d'injures son ami Abdellah. Hors de lui, ce dernier l'a «corrigé» avec son couteau. Un geste fatal qui coûté 20 ans de réclusion criminelle à Abdellah. Douar Laâyaïda, aux alentours de Salé. Fatima vient de rentrer du souk. Poussant lentement la porte, elle écarquille les yeux et reste bouche-bée, avant de pousser un cri aigu et strident et de s'effondrer. Que lui est-il arrivé ? Le corps de son fils, Mohamed, âgé de vingt-trois ans, gît au rez-de-chaussée, étendu sur le dos, une grande plaie béante au niveau de l'abdomen. Les voisins, qui ont entendu les cris, se précipitent vers Fatima, tentent de l'aider à se réveiller. Ils lui aspergent le visage d'eau et lui font respirer de l'eau de Cologne. Fatima se réveille et commence à pleurer, à hurler. Un jeune voisin s'est dépêché d'aller alerter les éléments de la Gendarmerie Royale. Fatima sanglote encore. Elle ignore ce qu'il s'est passé. Il est son unique enfant, son rêve de toujours. Elle n'aurait jamais pu imaginer de le perdre en un clin d'œil. Son cœur a été déchiré, déchiqueté en une seconde. Les enquêteurs arrivent, effectuent les premiers constats d'usage, entament leurs investigations, collectent les témoignages. Un témoin leur révèle qu'il a croisé Mohamed en compagnie d'Abdellah quand celui-ci s'acheminait à destination de son domicile. Il leur a précisé qu'Abdellah demeure tout près de la maison du défunt. Ne perdant pas une seconde, les limiers de la Gendarmerie Royale se rendent au domicile des voisins. Le chef de la brigade frappe à la porte. Personne ne vient ouvrir. Il continue à frapper. En vain. La procédure pénale l'oblige à aviser le procureur du Roi avant de franchir le seuil de la maison. Effectivement, il l'a avisé que le présumé mis en cause est chez lui et qu'il s'est abstenu de leur ouvrir la porte. Le procureur du Roi leur a donné ses instructions pour prendre la décision qui sied. Le chef de la brigade fait une seconde tentative. Toujours en vain. A ce moment, il menace de défoncer la porte. Ce qui fut fait. Les enquêteurs entrent, fouillent dans les chambres. Ils arrivent à la plus petite d'entre elles. Le chef jette un regard à l'intérieur et crie à haute voix : “Lève-toi“. C'est Abdellah qui se terre. Il se lève, se présente devant eux, leur tend les mains afin qu'ils puissent le menotter. A ce moment, le fourgon mortuaire s'arrête près du domicile de la victime. Des agents en descendent, installent le corps sans vie sur le brancard. Le chauffeur démarre à destination de la morgue. Les gendarmes conduisent Abdellah vers l'estafette. Le véhicule ne s'arrête qu'une fois à l'intérieur du commandement de la Gendarmerie Royale. Abdellah est emmené dans un bureau. Un gendarme lui enlève les menottes. Il fond en larmes. Un élément de la brigade prend la machine à écrire, y place un procès-verbal vierge et commence à taper. Abdellah déclare qu'il est sans profession depuis qu'il a quitté l'école au niveau de la 5ème année de l'enseignement fondamental. Au fil des années, il est devenu un délinquant buvant, fumant du haschich et consommant des comprimés psychotropes. Sa relation avec Mohamed remonte à plusieurs années puisqu'il étaient voisins. Le jour du drame, ils étaient en train de boire. A un moment donné, Mohamed a insulté Abdellah, l'accusant d'avoir bu deux verres de vin rouge successifs. Mohamed est allé plus loin quand il s'est énervé, en le frappant à coups de poing. Aussitôt, Abdellah a sorti son couteau. Mohamed s'est enfui. Abdellah l'a poursuivi jusque devant son domicile. Il lui a asséné un premier coup, puis un deuxième. Mohamed, terrassé, a rendu l'âme.“ Je n'avais pas l'intention de le tuer, je voulais juste le corriger“, déclare Abdellah avec regret devant la chambre criminelle près la cour d'appel de Rabat qui l'a condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.