La Fédération internationale des droits de l'Homme vient de publier un document sur la situation des droits humains au Maroc à la lumière des attentats terroristes du 16 mai. Après les résultats de sa mission d'enquête, publiés le 21 juillet 2003, Le 21 juillet 2003, à la suite d'une première mission d'enquête sur place, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), revient sur les mêmes faits, mais sur un ton plus grave. Alors qu'elle faisait part, en été, de ses vives préoccupations sur les violations des droits de l'Homme au Maroc à la suite des attentats criminels du 16 mai 2003, la FIDH se positionne, désormais, maintenant en porte à faux contre les «violations flagrantes» des droits de l'Homme dans la lutte antiterroriste au Maroc. Sous le titre «La tentation de l'arbitraire», elle publie son«enquête» dans un document de 28 pages particulièrement critique à l'égard des autorités marocaines, «engagées dans un véritable bras de fer policier et judiciaire contre la mouvance islamiste radicale depuis les attentats-suicide de Casablanca». Dans cette enquête basée essentiellement sur des coupures de presse, elle stigmatise ce qu'elle appelle «une vague répressive qui ne fait pas dans le détail», «de nombreuses dérives policières», «des arrestations illégales», des cas de «tortures et de traitements cruels et dégradants", notamment dans les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST) à Témara, ou encore «des décès suspects». Plus de 5.000 suspects, dit-elle, ont été interpellés et environ un millier condamnés, dont 15 à la peine de mort. La FIDH accuse également les services secrets américains (FBI et CIA) d'avoir livré des suspects à la police marocaine et d'avoir envoyé des agents au Maroc pour suivre les interrogatoires des suspects. Et de conclure sur un ton qui traduit en fait les hésitations à l'égard de cette question que «la répression des actes terroristes qui ont frappé le Maroc et qui ont profondément ébranlé le Royaume est indispensable», mais les autorités marocaines «ont leur part de responsabilité dans le développement de ces violences» en ayant toléré, avant le 16 mai 2003, «des discours appelant au djihad (guerre sainte) et à l'antisémitisme» et «en laissant s'implanter des écoles où l'on enseigne un islam intolérant». Interrogés à ce sujet, un avocat qui a préféré garder l'anonymat nous a déclaré que ces propos cachent des positions préconçues à l'égard des autorités marocaines, dans la mesure où ils se servent de certains événements pour confirmer des «déductions» qui existent bien avant l'enquête, puisqu'elles occultent l'essentiel, à savoir que les autorités marocaines ne pouvaient procéder à une véritable chasse aux sorcières contre toute personne se proclamant de la mouvance islamiste. Surtout à un moment où la démocratie est devenue une voie irréversible.