L'Union socialiste des forces populaires (USFP) qui a organisé vendredi 8 février le congrès régional de son fief de Rabat, n'est plus tout à fait la même. C'est le premier constat. A l'entrée du Théâtre national Mohammed V, le service d'ordre veille au grain ce vendredi 8 février. Il s'agit d'éviter tout dérapage et de barrer la route aux « parasites » qui pourraient être « mandatés » pour fausser ces assises que beaucoup donnent pour le véritable témoin de la température politique du parti. La région de Rabat, Temara-skhirat, Benslimane-Bouznika, est en effet le fief du parti, particulièrement Rabat. Depuis toujours. Une sorte de creuset où l'USFP a façonné son mode de gestion des affaires publiques et érigé une élite, de loin aujourd'hui, la première aux commandes, tant des instances du parti que de l'appareil exécutif. Un coup d'œil sur la salle principale du théâtre, confirme cette première impression. Plusieurs membres du gouvernement ont fait le déplacement. On distingue au premier plan, Mohamed Al Achaari, ministre de la communication et membre du secrétariat provincial, mais aussi Mohamed M'barki, sans compter plusieurs grosses pointures du parti, comme Mohamed Guessous, Larbi Ajjoul, Abdelhadi Khirate, Mohamed Seddiki et, fait remarquable, Mohamed Lahbabi. Bref, la salle principale est une sorte de concentré de la crème du parti. Les retardataires, entre autres, devront se contenter des deux autres étages. L'assistance est assez calme. On semble avoir rompu avec ce penchant populiste, qui parait comme appartenant à une autre ère. Même quand quelques ilôts épars de militants à la fibre à fleur de peau interrompent les orateurs, c'est à peine si le reste de la salle s'en aperçoit. Les tribuns eux, poursuivent imperturbables. A peine un regard mi-indulgent, mi-agacé vers ces « reliques de temps révolus ». Le parti, depuis quatre années au pouvoir, est désormais un conglomérat de cadres moyens et supérieurs. Les statistiques brandies comme un motif de fierté par Ahmed Rih lors de l'allocution d'ouverture l'illustrent. 71 % des congressistes sont universitaires, 22 % des cadres moyens et 7 % exercent des professions libérales. Ils sont jeunes, 28 % d'entre eux sont âgés de moins de 40 ans et 40 % ont entre 40 et 50 ans. Ils devront, sous le thème générique « Pour réussir la transition démocratique », discuter de cas concrets touchant de près la vie des citoyens de la région dont la sympathie pour le parti, se fait-on un plaisir de rappeler, n'a jamais été démentie. Depuis ces fameuses municipales de 1960, quand l'USFP avait remporté 30 sièges, sur un total de 31. Le programme décliné par Ahmed Rih est à la mesure de la compétence supposée des congressistes. On discutera de la complémentarité entre l'action gouvernementale et la gestion des affaires locales, des bidonvilles, des limites du patrimoine foncier à Rabat et sa région, du devenir touristique de la corniche du Bouregreg et des plages de Rabat et Bouznika, mais aussi de questions précises comme les dysfonctionnements que connaît la régie REDAL. En somme, on s'emploiera à renouveler le « pacte » avec les habitants de la région, en dégageant de « nouvelles fonctions économiques » à leurs villes, de nature à dépasser la stratégie actuelle, «arrivée à sa limite». Le ton est donné. Le congrès régional de l'USFP à Rabat-Témara-Skhirat-Bouznika-Benslimane, est un quasi-conclave d'experts, dont on attend des solutions viables et surtout nouvelles. C'est le plat de résistance. L'intermède palestinien, ponctué de chants tolérés pour cette fois, et les concerts d'applaudissement à l'évocation des noms de Mehdi Ben Barka, Omar Benjelloun et Abderrahim Bouabid, sont désormais juste un ferment de la culture du parti. Le contact véritable avec les masses empruntera une autre passerelle. Un mea culpa objectif et des projets concrets.