La production de drogue, combinée au terrorisme, constitue le plus gros problème de la reconstruction de l'Afghanistan, a affirmé lundi le président afghan, Hamid Karzaï, en appelant à l'aide internationale pour lutter contre la culture de l'opium. «Le problème de la culture de l'opium et de la production d'héroïne et d'autres produits dérivés est le plus gros problème de l'Afghanistan, avec celui du terrorisme», a affirmé le président afghan à l'occasion d'une conférence internationale à Kaboul sur la drogue en Afghanistan. "Nous avons essayé de notre mieux d'éradiquer l'opium et de mettre un terme au trafic de drogue, mais sans succès, le pavot continue de pousser en Afghanistan", a déploré M. Karzaï. "Nous espérons l'aide d'autres pays dans ce combat" et "nous attendons de cette conférence une aide financière et technique au bénéfice de notre stratégie nationale" de lutte contre la drogue, a-t-il poursuivi. L'Afghanistan a adopté un plan stratégique de cinq ans destiné à réduire d'au moins 70% la culture du pavot d'ici 2008, à mettre au point une répression efficace du blanchiment de l'argent de la drogue et à renforcer la coopération internationale et régionale de la lutte anti-drogue. La production d'opium en Afghanistan est en progrès depuis deux ans et a atteint 3.600 tonnes en 2003, selon les Nations unies. L'Afghanistan est de très loin le premier producteur mondial d'opium, avec 77% de la production internationale. "Le terrorisme et la production de drogue contribuent également à nuire à l'économie du pays", a poursuivi M. Karzaï à l'occasion de cette conférence qui réunit plus de 200 experts internationaux de la lutte anti-narcotiques. La production et le trafic de drogue ont généré en 2003 environ 2,3 milliards de dollars, soit l'équivalent de la moitié du Produit intérieur brut (PIB) afghan. En s'engageant à détruire les laboratoires de drogue et à renforcer les contrôles frontaliers, le président Karzaï a également demandé à la communauté internationale de participer à la lutte contre la demande mondiale de drogue. Le chef de l'Etat a admis que la tentation était forte pour les paysans afghans de continuer la culture du pavot, traditionnelle en Afghanistan. "Les paysans afghans, après trente ans de conflit et de pauvreté, ont parfois été obligés de cultiver le pavot", a-t-il reconnu en appelant à intensifier les offres de cultures alternatives. Après avoir longtemps négligé le problème de la résurgence de l'opium, les Etats-Unis, qui entretiennent en Aghanistan un contingent de 10.000 soldats, et le Royaume-Uni, qui est chargé de la coordination de la lutte contre la drogue, ont résolu de modifier leur stratégie et de considérer la lutte contre le trafic de drogue comme une priorité.