Youssef Mokhtari fait partie de cette nouvelle génération de footballeurs marocains issus de l'immigration. Sociétaire du club allemand Burghausen, ce défenseur ne revenait pas de la qualification des Lions de l'Atlas pour les demi-finales de la CAN 2004. Entretien. Aujourd'hui Le Maroc : Encaisser un but à quelques minutes de la fin de la rencontre, mais réussir à égaliser et à remporter la victoire finale n'est pas chose aisée. Comment y êtes-vous parvenus ? Youssef Mokhtari : C'était un match fou, fou, fou!. Notre rage de vaincre et notre détermination à passer en demi-finales ont finalement eu raison d'une équipe algérienne boostée par le soutien de dizaines de milliers de supporters. L'équipe nationale n'a pas baissé les bras après avoir encaissé un but dans les dernières minutes du temps réglementaire. Le match aurait pu être tué si Fouhami n'avait pas arrêté une attaque algérienne qui visait un deuxième but mortel. Mais nous avons continué à y croire. Le but de l'égalisation de Chemmakh était le couronnement des efforts que toute une équipe a fournis durant 90 minutes de jeu. La rencontre a été relancée par la suite. Au moment où les Marocains y croyaient de plus en plus et faisaient tout leur possible pour atteindre les buts adverses, les Algériens ont baissé les bras. La condition physique leur a grandement fait défaut. Nos nombreuses actions ont finalement abouti sur deux buts supplémentaires qui ont fait la joie des supporters marocains présents à Sfax et de tout le peuple marocain. Comment évaluez-vous votre prestation durant cette rencontre? Lors de la première mi-temps de jeu, j'ai éprouvé de grandes difficultés à suivre le rythme de la rencontre. La pression était très grande de part et d'autre. Pour les Algériens, il était inconcevable de décevoir tout ce beau monde qui a fait le déplacement exprès pour les encourager et les pousser de l'avant. Pour notre part, la plus grande pression que nous avons eu à subir était celle de l'obligation de faire un bon résultat. En plus, nous n'étions pas tellement indifférents à cette liesse populaire sur les gradins. C'était comme si la rencontre se déroulait à Alger et non à Sfax. Vous savez, il n'est pas du tout facile d'être hué par des dizaines de milliers de spectateurs à chaque fois que vous touchez le ballon. Mais, après le retour des vestiaires, je me sentais beaucoup plus à l'aise sur l'aire de jeu et j'ai pu appliquer les consignes de l'entraîneur national. Lors des prolongations, la fatigue physique s'est fait ressentir beaucoup plus du côté de nos adversaires. Plus frais physiquement, nous avons réussi à faire la différence. Que représente cette qualification pour vous ? Je suis actuellement en train de vivre le plus beau rêve de ma vie. Et c'est le cas de tous mes collègues de l'équipe nationale. La plupart d'entre nous sont nés et ont vécu à l'étranger, en Europe notamment. Jouer en équipe nationale, y produire un très bon football et réussir des exploits est notre manière à nous de prouver notre attachement à notre pays. Comment allez-vous aborder la demi-finale face au Mali, une équipe qui a brillé lors des deux précédents tours ? Nous allons d'abord prendre le temps de nous reposer et de récupérer nos forces après le très long match contre l'Algérie. Nous avons joué 30 minutes de plus que les Maliens, qui ont assuré leur qualification aux demi-finales dans le courant du temps réglementaire de la rencontre qui les a opposés à la Guinée et n'ont pas eu recours aux prolongations. C'est donc un élément en notre défaveur qu'il faut prendre beaucoup en considération. En ce qui concerne l'équipe, le fait qu'elle atteigne ce stade de la compétition est une preuve de sa force et sa solidité. Je dirais que les deux équipes ont autant de chances de remporter la victoire mercredi. Le match se jouera sur le terrain. Attendons pour voir. • Propos recueillis à Sfax par Fadoua Ghannam