Après les élections législatives qui ont donné une grande victoire au Parti de la justice et du développement (PJD), le parti islamiste affrontera dans quelques mois un lourd défi : les élections communales. A travers les communales qui auront lieu probablement en juin prochain, le parti dirigé par Abdelilah Benkirane aspire à faire d'une pierre deux coups. D'un côté, le parti de la lampe devra consolider sa position sur la scène politique. Et de l'autre, les islamistes ont besoin d'une forte présence à la base, c'est-à-dire au sein des conseils locaux, condition sine qua non pour une meilleure mise en œuvre du programme gouvernemental. Mais, ce n'est pas aussi simple. Ce n'est pas au niveau local qu'excellent généralement les islamistes. A titre d'exemple, lors des élections communales de juin 2009, le PJD était arrivé modestement en sixième position avec 1513 sièges, soit 5,5% des voix, derrière le PAM, l'Istiqlal, le RNI, l'USFP et le MP. A la différence des communes urbaines, ce parti est faiblement représenté en milieu rural. Ainsi, en plus de la gestion des grands dossiers de par sa position de dirigeant de la coalition gouvernementale, le PJD pense déjà aux mesures à prendre pour s'assurer un bon score lors des communales anticipées. Le PJD ne se fait pas d'illusion. Il sait que seuls un bon démarrage de l'action gouvernementale et un rendement positif lors des premiers jours du gouvernement pourraient accroître sa popularité auprès des citoyens. «Si au cours des trois premiers mois, le gouvernement arrive à entreprendre des initiatives qui rendront l'espoir et la confiance aux citoyens, le PJD occupera, sans conteste, une bonne place lors des communales», souligne Abdellah Bouanou, député PJD. Selon cet élu local PJD à Meknès, il est primordial pour le PJD d'être présent au niveau local pour réussir sa mission au gouvernement. «Les citoyens savent très bien que le gouvernement travaille de haut et que c'est au niveau local que leurs principales revendications seront traitées. L'essentiel des attentes des citoyens est lié directement au travail des conseils locaux», souligne M. Bouanou. «Si l'alliance qui dirige actuellement le gouvernement réussit à occuper une bonne place lors des prochaines communales, un grand pas sera franchi en matière de développement du pays à tous les niveaux», ajoute-t-il. A noter que pour remédier à sa faiblesse au niveau local, le PJD ne manquera pas de miser sur ses deux principaux alliés au gouvernement, à savoir le MP et l'Istiqlal. L'autre défi majeur pour le PJD, c'est d'éviter d'être «victime de sa grande victoire» aux législatives. Pour garantir leur compétitivité, les islamistes devront faire ressortir une nouvelle élite qui prendra en charge la mission d'assurer une bonne gestion du parti pour le préparer aux communales anticipées, à l'heure où les principaux cadres ont été épuisés par le Parlement et le gouvernement. Les islamistes ont du pain sur la planche.