Nous sommes à la rue Bagdad, au quartier Aïn Chock, à Casablanca, là où se situe l'Agence nationale de la conservation foncière. Il est 10h. Nous sommes à la rue Bagdad, au quartier Aïn Chock, à Casablanca, là où se situe l'Agence nationale de la conservation foncière. Il est 10h. Personne ne sait au juste ce qui se passe. Le conservateur régional y sort encadré par deux jeunes hommes en civil. Baissant sa tête et traînant ses pas, il est conduit vers une voiture stationnant de l'autre côté du trottoir. Une fois la voiture démarre, les langues se délient: «Il est arrêté en flagrant délit de corruption». Comme une traînée de poudre, l'information se répand dans les couloirs du siège de la Conservation foncière. Maintenant, tout le monde est au courant. C'est l'info n°1 de la journée pour les faits-diversiers venus couvrir les deux procès phares, celui de l'affaire du baron de la drogue Najib Zaïmi où est impliqué l'ex-chef de la Sûreté régionale de Nador qui est tenu, au début de l'après-midi du mardi à la chambre criminelle près la Cour d'appel et qui a duré jusqu'à 21h30, et celui de l'affaire du rappeur Mouâd, alias El Haked, pro-Mouvement du 20 février, examiné par la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca et qui a duré jusqu'à 5h30 du lendemain, mercredi. Les éléments de la police ne conduisent pas le conservateur aux locaux du district d'Aïn Chock, mais au siège de la préfecture de police au boulevard Zerktouni. C'est là qu'il doit être soumis aux interrogatoires. Il ne peut nier avoir obligé le plaignant à le soudoyer. Car, la preuve est entre les mains des enquêteurs. Avant de se déplacer à son bureau à Aïn Chock, ils ont déjà eu les photocopies des billets de banque de 5.000 dirhams qu'il recevait de chez le plaignant. Celui-ci ne supportait plus d'être extorqué par le conservateur qui refusait de lui remettre des documents relatifs au certificat de propriété sans pot-de-vin. Mais, la veille, le lundi 9 janvier, il est allé déposer plainte auprès du parquet général près la Cour d'appel. Celui-ci a mis en branle la machine judiciaire qui a épinglé le conservateur. Jeudi, il a été traduit devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance poursuivi pour corruption.