Le peintre Chalal expose ses tableaux jusqu'au 28 février au restaurant Le Jacaranda à Marrakech. Ce peintre cherche à plaire par de jolies couleurs. Des chemins non parcourus s'ouvrent toujours aux peintres autodidactes. Ils peuvent certes avoir une culture plastique, mais ce n'est pas de cette culture qu'ils tiennent leur amour de la peinture. Ils sont étrangers aux théories et aux querelles sur l'art, et c'est en praticiens qu'ils apportent des réponses à ceux qui les questionnent à propos de leur peinture. Ils sont un peu hors-la-loi, un peu francs-tireurs, et l'art a besoin de cette race de « zigzagueurs », qui l'obligent tantôt à regarder en arrière, tantôt à bifurquer dans un côté comme dans l'autre. Les peintres autodidactes introduisent cette part indispensable de gratuité pour que l'art ne s'essouffle pas dans la course affolée à la modernité que lui fait faire le peloton de tête. Il est bien difficile d'exercer la peinture dans notre pays et espérer rattraper le peloton de tête. Il vaut mieux peut-être, sciemment ou non, spéculer sur les vertus du zigzag. Chalal est un peintre autodidacte. Il est né en 1943. Après avoir travaillé dans divers domaines ressortissant au commerce, il a commencé à pratiquer la peinture en professionnel à partir de 1999. Ses tableaux portent des titres poétiques. Rien d'étonnant à cela, puisque l'homme écrit des poésies. Les tableaux de Chalal mêlent géométrie et figuration. Certains d'entre eux se ressentent de l'influence de Saladi. Tout particulièrement ceux où il représente des oiseaux et des croissants avec plusieurs couleurs. D'autres tableaux présentent une texture travaillée avec des variations de tons. La toile ressemble à une peau tannée. Elle semble avoir subi l'usure du temps. Des branchages strient la toile dans divers sens. C'est là que se montre l'originalité prometteuse de Chalal. En vrai autodidacte, Chalal devrait se frayer une voie personnelle dans la peinture. La joliesse est ce qu'il y a de pire dans un tableau. Jusque-là, les tableaux de ce peintre, présentent des couleurs faites pour séduire l'œil. La séduction sans tension n'opère pas à long terme. Au peintre de pousser vers autre chose, et de ne pas craindre de choquer la rétine.