Le nouveau chef de gouvernement aura la lourde tâche de tenter de rapprocher les positions des différents partis pour établir un programme commun qui servira de base de travail au prochain gouverne-ment. Lutte contre la corruption, moralisation de la vie publique, interprétation démocratique de la nouvelle Constitution, promotion de l'emploi, lutte contre la pauvreté et la précarité, promotion des libertés individuelles... Autant d'objectifs qui font l'unanimité parmi les quatre partis qui formeront le prochain gouvernement. Mais, à vrai dire, il s'agit d'objectifs qui ont été mis en avant par l'ensemble des partis politiques dans le cadre de leurs programmes électoraux. C'est dans les détails que se cache le diable, dit-on. En raison de la divergence des idéologies et des visions par rapport aux priorités, les programmes électoraux du PJD, du MP, de l'Istiqlal et du PPS sont par principe différents l'un de l'autre. Et bien évidemment, ce n'est pas le programme électoral du PJD qui a remporté les élections législatives avec 107 sièges qui servira de déclaration gouvernementale. Donc, après avoir réuni sa majorité au Parlement de 217 sièges et entamé les discussions avec ses alliés pour la répartition des portefeuilles ministériels, le nouveau chef de gouvernement aura la lourde tâche de tenter de rapprocher les positions des différents partis pour établir un programme commun qui servira de base de travail au prochain gouvernement. Bien que les quatre partis au pouvoir ne cessent d'affirmer que ce qui les unit est encore plus grand que ce qui les sépare, ils demeurent tout de même attachés, dans leurs sorties médiatiques, aux éléments qui font la particularité de leurs programmes respectifs. Le MP accorde la priorité au développement du monde rural et à la promotion de l'amazighité, l'Istiqlal veut poursuivre la réalisation des projets qu'il a lancés du temps du gouvernement Abbas El Fassi, le PPS donne la priorité au chantier social. Et pour finir, le PJD qui dirigera le gouvernement entend s'atteler en priorité sur la lutte contre la corruption. «Pour le parti haraki, la promotion du monde rural est une priorité majeure. Beaucoup de choses n'ont pas été faites dans ce domaine. Ce monde se voit toujours privé des infrastructures de base. L'amazighité constitue également une priorité pour nous. D'ailleurs, si on raisonne logiquement, il s'agit-là des priorités du Maroc tout entier», indique Saïd Ameskane, membre du bureau politique du MP. «Nous ferons la conscience de gauche dans le gouvernement de changement voulu par le peuple. Nous donnons la priorité aux volets sociaux liés à la promotion du secteur de l'enseignement. Il est question aussi de l'amélioration des services sanitaires en termes de gouvernance et la mise en place d'une relation de confiance pour ce qui est du dialogue social», explique, pour sa part, Abdelahad El Fassi, membre du bureau politique du PPS, et d'ajouter qu'on «pourra se retrouver facilement avec nos alliés sur ces éléments prioritaires». Pour sa part, Rachid Afilal, membre du comité exécutif de l'Istiqlal, affirme que son parti donne la priorité à la poursuite de la réalisation des projets «très importants” qu'il a lancé dernièrement. «Nous donnons la priorité à l'interprétation démocratique de la nouvelle Constitution. Il est question également de la mise en place d'une société égalitaire basée sur la solidarité, l'équilibre et l'équité en matière de distribution des richesses. Aussi, l'une des priorités c'est la mise en place d'une régionalisation avancée au service du développement durable», ajoute M. Afilal. Ceci dit et en plus des priorités, la divergence des visions entre les quatre partenaires se rapporte également aux données chiffrées. Ainsi, à l'heure où le PJD s'engage à atteindre un taux de croissance de 7%, l'Istiqlal opte pour 5%, alors que le MP et le PPS proposent 6%. Pour ce qui est aussi de la création de nouveaux postes d'emploi, le PJD et le MP promettent 200.000 nouveaux postes d'emploi par an, l'Istiqlal 170.000, le PPS 250.000. Pour trouver un terrain d'entente, il est clair que les uns et les autres devront faire des concessions pour déboucher sur un programme commun. Et même cet objectif atteint, le risque de l'émergence des différends entre les partenaires au cours du mandat du gouvernement demeure possible.