L'effervescence électorale a gagné tous les partis. La course aux accréditations et le duel fratricide ont déjà fait des victimes au MP. À quelques jours du début de l'opération de réception des demandes d'accréditations pour les élections du 25 novembre prochain, le Mouvement populaire (MP) a lancé une grande opération de recrutement chez les cadres et les entrepreneurs. Il y a quelques jours, dans un palace à Rabat, le secrétaire général du MP, Mohand Laenser, a rencontré une centaine de cadres désireux d'intégrer le parti, suivie d'une seconde rencontre avec des hommes d'affaires à Casablanca, avant de s'attaquer à d'autres villes du Royaume, dans une opération visant à insuffler un nouvel élan au MP, souvent taxé de parti rural et amazigh, découlant de l'image héritée de son fondateur, aujourd'hui à la retraite, Mahjoubi Aherdane. Selon Abdelkader Tatou, membre du bureau politique, «cette opération n'est pas liée à un agenda électoral, mais vise le renouvellement des élites et l'injection de sang nouveau dans le parti». Parmi les fraîchement recrutés, une dizaine d'ex-députés et conseillers harakis qui avaient migré vers d'autres partis seraient sur le retour, leur nombre exact étant tenu secret, sachant que des partis concurrents sont également en pleine phase de débauche. En attendant, le parti de Mohand Laenser semble être le grand gagnant de cette vaste «transhumance». En parallèle, l'effervescence électorale a gagné le parti et la course aux accréditations et les duels fratricides ont déjà fait des victimes, des départs et des arrivées d'élus d'autres partis étant signalés à l'état-major du MP. C'est ainsi que vendredi dernier, la section r'batie du Mouvement populaire a décidé de la mise à pied Houssine Karroumi, en attendant que la commission disciplinaire se décide de l'expulser. Pour rappel, M. Karroumi a rejoint le parti en septembre 2010 après avoir quitté le RNI mais il est soupçonné par le Mouvement de vouloir débaucher plusieurs conseillers du bureau MP de Rabat au profit du PAM. Selon une source au MP, la section de Rabat avait auparavant décidé de nommer Abdelkader Tatou tête de liste à Yacoub El Mansour, avec comme numéro deux Houssine Karroumi, actuellement président de cet arrondissement. Dans le même cadre des compromis entre ténors du parti dans la capitale, il était convenu que Omar Bahraoui bénéficie du soutien des conseillers MP pour prendre le conseil de la région de Rabat, pendant que Brahim Joumani serait tête de liste de la circonscription de Youssoufia. Brahim Joumani qui se trouve lié par des contrats avec la ville de Rabat (une licence de transport en commun dans toute la région), s'est retrouvé dans une situation de conflit d'intérêt, ce que la nouvelle loi interdit à tout candidat aux élections législatives. M. Joumani a donc cédé sa place de tête de liste au profit de Omar Bahraoui. Une place qui était convoitée par Karroumi, qui a contesté le remplacement de Joumani par Bahraoui, entraînant dans son sillage six membres MP du conseil de Yacoub El Mansour. Tatou précise par ailleurs que «Houssine Karroumi n'a pas assisté au congrès du parti, il a integré le parti en septembre 2010 dans une conjoncture particulière, liée au conseil de la ville de Rabat». Pour revenir aux préparatifs du prochain scrutin, une réunion élargie a été tenue la semaine dernière au siège du MP, sous la présidence de Lahcen Haddad, membre du bureau politique. Lors de cette rencontre, quatre commissions ont été créées: la commission de la plate-forme électorale qui veillera à l'élaboration d'un programme électoral, la commission de la communication, celle de l'animation chargée de l'organisation des conférences, des ateliers et des réunions régionaux et enfin la commission d'accueil et de mobilisation des nouveaux adhérents, qui sera la cheville ouvrière de la grande opération de recrutement des nouveaux cadres. Le Mouvement de redressement s'effrite Le «comité de redressement» du Mouvement populaire, dirigé par l'ex-ministre Hassan Maouni, s'essouffle à l'approche des élections. M. Maouni qui a appelé à un congrès extraordinaire du parti en août dernier faisait partie de la commission préparatoire du 11è congrès du MP, mais avait échoué à se faire élire au conseil national au niveau de sa province de Beni Mellal. Concernant la tenue de ce congrès, le Mouvement populaire a déclaré ne pas s'y opposer, tant qu'elle recueille la signature des 2/3 des membres du conseil national, comme le stipulent les dispositions statutaires du parti. M. Maouni appelle «toujours à la création d'un comité de vigilance au sein du Mouvement populaire, comprenant des ex-ministres et des personnalités du parti. On n'a reçu aucune réponse de la part de Laenser jusqu'à présent». Mohamed El Hamraoui