Depuis des mois, Mohamed Sajid, maire UC de Casablanca, a du mal à tenir une session du Conseil de la ville. Des élus brandissent la carte de l'article 25 de la Charte communale et souhaitent l'intervention du wali pour débloquer la situation, ce qui ne plaît guère aux élus PJD. Le blocage du Conseil de la ville retarde de nombreux chantiers structurants pour la capitale économique et le maire de la ville, Mohamed Sajid, est dans l'impasse. Depuis le début de l'année, le Conseil n'arrive pas à tenir sa session. Faute de quorum, la session de juillet ne s'est pas tenue, alors que celles de février et d'avril avaient été suspendues, créant une situation qui se répercute directement sur les projets structurants de la métropole, toujours en suspens, comme le Tramway, le grand théâtre, le projet de carrefour de Sidi Maârouf ainsi que les nouveaux plans d'aménagement urbain de la ville. Principal facteur de blocage ? Le bras de fer entre les élus composant le Conseil. La majorité accuse l'opposition d'être à l'origine du blocage en adoptant une position opportuniste. De leur côté, les élus PJD cherchent à avoir plus de sièges au sein du bureau de la présidence et appellent à équilibrer sa composition en réduisant le nombre des membres du PAM. Quant aux élus de l'opposition, ils montent au créneau pour dire que la présidence du Conseil a perdu la majorité et qu'elle ne serait, de ce fait, plus qualifiée pour assurer la gestion de la ville. Et pour compléter le tableau, le président du Conseil, Mohamed Sajid (UC), donne l'impression d'être dépassé par les événements et d'être incapable de maîtriser sa propre majorité et encore moins l'opposition. Pour rappel, la majorité est menée par l'Union constitutionnelle (UC), le Parti de la justice et du développement (PJD), le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le Parti authenticité et modernité (PAM), tandis que le front de l'opposition comprend le parti de l'Istiqlal, le Mouvement populaire (MP) et le Parti travailliste (PT). Face à cette situation de blocage, le wali de la ville, Mohamed Halab, multiplie les contacts, depuis un certain temps, avec les différents élus du Conseil. Ce que cherche le ministère de l'intérieur à travers l'entrée sur scène de M. Halab, c'est une solution urgente pour relancer la gestion de la métropole, pratiquement au point mort depuis quelques mois. Dans ce sens, l'intervention du département de Taib Cherkaoui paraît comme une solution pratique et efficace mais elle ne fait pas l'unanimité au sein du Conseil présidé par M. Sajid. L'opposition appelle à l'application de l'article 25 de la Charte communale. La majorité veut l'intervention du wali de Casablanca pour convoquer les différentes parties à une session extraordinaire du Conseil et le PJD, pourtant membre de la majorité, préfère ne pas impliquer le wali pour trouver une issue à cette crise et continue de croire que la solution émanera du Conseil de la ville lui même. En effet, lors d'une rencontre entre le groupe du PJD au Conseil avec M. Halab lundi à la demande de ce dernier, les islamistes ont demandé au représentant du département de M. Cherkaoui de «garder ses distances par rapport aux affaires du Conseil». «Nous avons dit au Wali que ce sont les élus qui doivent appeler à une session extraordinaire. L'intervention de l'Intérieur constituerait une régression en matière de pratique démocratique», précise Mustapha Lhaya, membre PJD du Conseil. «La Charte communale est claire. La session extraordinaire peut être tenue à la demande du tiers des membres du Conseil. Et nous, en tant que composante de la majorité, allons recueillir des signatures pour la tenue de cette session», ajoute-t-il. Les islamistes refusent catégoriquement le recours à l'article 25 de la Charte communale, qui stipule que l'autorité de tutelle, à savoir l'Intérieur, assure la gestion de la ville lorsque le Conseil est dans l'incapacité de le faire, pendant une période de trois mois. Cette période, selon le même article, peut être prorogée pour trois mois supplémentaires avant la dissolution du Conseil. «En tant que groupe du PJD, nous refusons l'application de l'article 25 à partir du moment où les prémices du déblocage se profilent à l'horizon. En plus, la gestion d'une ville aussi grande que Casablanca serait une trop lourde tâche pour l'Intérieur», conclue-t-il. Les membres du PJD ont par ailleurs informé le wali lors de cette réunion de leur intention de renoncer à leurs revendications politiques, consistant à réajuster la composition du bureau de la présidence, pour débloquer la situation. Les autres composantes de la majorité estiment que l'intervention de l'Intérieur est la bienvenue tant que le Conseil se trouve dans l'incapacité de tenir sa session. «Après l'échec de la deuxième tentative pour la tenue de la session de juillet, les autorités locales de la ville devaient, dès la semaine prochaine, convoquer les membres du Conseil pour une session extraordinaire, qui devrait permettre la relance des grands projets de Casablanca», indique Khalid Bahmous, membre FFD du Conseil. Et d'ajouter : «La loi est claire. Du moment que le Conseil se trouve dans une situation d'incapacité, le ministère de l'intérieur doit intervenir dans le cadre du principe de la neutralité positive. Toutes les parties sont appelées aujourd'hui à assumer pleinement leurs responsabilités». Abdelkébir Tajditi, membre du Parti de l'environnement et du développement durable et vice-président du Conseil de Casablanca, est du même avis. «Il faut absolument relancer les chantiers en suspens. Le wali de Casablanca devait convoquer les membres du Conseil pour une session extraordinaire et entamer cette démarche dès la semaine prochaine», confirme M. Tajditi. En parallèle, pour les voix de l'opposition, «la meilleure solution serait l'application de l'article 25 de la Charte communale. Il faudra mettre en place un nouveau bureau avec un nouveau président. L'actuel président a perdu sa majorité et n'a donc plus de légitimité», souligne Mustapha Rahin, membre sans appartenance politique de l'opposition au sein du Conseil de la ville. «Le président du Conseil de la ville n'est plus qualifié pour assurer la gestion de la ville. Il est ainsi du devoir des autorités de tutelle d'intervenir pour sortir de la crise», ajoute-t-il. Cela dit, en attendant cette sortie de crise, ce sont les Casablancais qui font les frais de ce blocage.