«L'encensoir», le premier roman d' Omar Berrada, vient d'être publié récemment aux éditions «La croisée des chemins». Une œuvre qui montre le mauvais sort d'un monsieur tout le monde du Maroc d'en bas. La vie d'un Marocain d'en bas, au teint de peau asséchée, bruni, vieilli par la pauvreté, la malchance et un environnement perverti. C'est ce que raconte « L'encensoir », le premier roman d' Omar Berrada, qui vient d'être publié récemment aux éditions « La croisée des chemins » (Prix : 70 DH). Dans ce roman, l'écrivain met le zoom sur une réalité, le destin, le mauvais sort d' Ahmed, un monsieur tout le monde du Maroc d'en bas. En nous montrant la condition de cet homme, en écrivant, allumant «L' encensoir», Omar Berrada veut justement conjurer le mauvais sort, changer les choses en mettant le doigt sur les tares de la société. Pour cela, Omar Berrada use à la manière d'un Zola, d'un naturalisme positiviste, d'un déterminisme génétique ou encore tel un Mohamed Choukri donne à voir sans concession une réalité sombre mais poétique de la misère. «Sa vie se résumait sur le bout des doigts : de la maison au café, du café au travail, et de l'usine au Mellah. Seule la justicière pouvait le délivrer en brisant cette monotonie». Ahmed a six mois de loyer impayé, «son salaire était resté le même, frappé de paralysie, alors que la vie ne cessait d'augmenter jusqu'au jour où le montant de son salaire était devenu égal à son salaire», lit-on dans le roman. Il se fera expulsé de chez lui. «Bien fait pour nous ! avait aboyé Fatna (sa femme)», lit-on. Et d'ajouter : «Regarde ce qu'elle t'offre maintenant ta ville, elle bouffe ton fric et ton sang et te rejette, sucé comme les tripes du mouton de l'Aïd» Ahmed était venu, il y a quelques années, de la campagne, un parcours qu'on découvre au fil des pages, autant que des rêveries trouvant corps dans les souvenirs souvent d'un passé tantôt douloureux (une mère tyrannique qui trahit un père effacé et pervers), ou plus agréables mais qui s'effacent plus facilement réveillé par la dureté de la réalité. «C'était le temps de la pureté du regard, de la fraîcheur du cœur». La condition de la femme et sa perception archaïque sont tout aussi décrites dans cet ouvrage, «l'origine du malheur de l'humanité est la femme». Omar Berrada traite et montre tour à tour mendicité, enfance usurpée, chômage, esclavage, le monde de la drogue , des snifeurs de colles et des jeux du hasard, la prostitution : «Il y avait le Mellah, cet ancien ghetto juif où pour une poignée de sous, il pouvait réaliser toutes les saloperies qu'il n'osait demander à son épouse». On suit aussi tous les paradoxes qui jonchent la vie d'Ahmed jusqu'à se côtoyer d'une manière malsaine «Mon Dieu, mon Bon Dieu ! Toi l'Omniprésent, l'Omniscient, le Juste et le Miséricordieux, écoute ton humble sujet ! Fasse que je gagne au tiercé ! ».