Samir Aboulkacem estime que Fouad Ali El Himma est celui qui mérite le plus le poste du futur président du gouvernement. ALM : Quelle est votre réaction par rapport aux critiques du PJD ? Samir Aboulkacem : Les déclarations de Abdelilah Benkirane ne visent pas uniquement le PAM mais le clan démocratique dans son ensemble. Le PJD tente d'affaiblir ce clan en s'acharnant contre l'une de ses principales composantes à savoir le PAM. Le PJD multiplie, également, les manœuvres pour donner une mauvaise image des autres partis politiques. Benkirane cherche à affaiblir le projet démocratique et de modernisation. Malheureusement, dans le contexte actuel les gens ne saisissent pas l'ampleur de ce danger. Pire, le clan démocratique visé par cette campagne enragée garde le silence. En assimilant ce que fait Benkirane aux manœuvres d'Al Adl Wal Ihssane qui a récupéré le Mouvement du 20 février, on peut dire que le courant fondamentaliste menace réellement le processus de démocratisation et de modernisation au Maroc. Comment analysez-vous cette situation ? A l'heure actuelle, trois principaux éléments menacent la stabilité et la sécurité du Maroc, à savoir l'extrémisme qu'incarne le courant politico-religieux, notamment le PJD et Al Adl Wal Ihssane, l'opportunisme politique des partis politiques et les différentes formes des pratiques malsaines. Benkirane a joué un rôle très négatif dans le cadre de l'élaboration du nouveau texte constitutionnel en luttant contre tout ce qui est moderniste dans le projet. A l'heure où tous les observateurs disaient que le Maroc était prêt pour se moderniser sur tous les niveaux et à adhérer aux droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus, le PJD a exercé la pression pour consacrer l'orientation conservatrice en mettant l'accent sur des volets des plus sous-développés. Le PJD a posé des conditions pour sa participation aux prochaines élections. Qu'en pensez-vous ? Je vous assure que le PJD finira par tout accepter. Il acceptera la date et les mécanismes de supervision des élections. Tous ces détails importent peu pour le PJD. Il monte au créneau juste pour obtenir plus de sympathisants et pour marquer des points en perspective des prochaines élections. Le PJD utilise ses deux facettes, à savoir le religieux et le politique. Cette tactique du PJD n'est pas surprenante. Ce qu'est étonnant c'est le silence observé par le clan démocratique. Le PJD estime que le Mouvement du 20 février a mis à nu le projet du PAM. Comment réagissez-vous à cela ? Bien avant la première manifestation du 20 février, nous avions dit que nous soutenons les revendications légitimes de ce Mouvement. Nous avions aussi mis en garde contre la récupération et l'orientation du 20 février par des forces politiques, ce qui est aujourd'hui le cas avec Al Adl et Annahj. Notre position est claire. Par contre, le PJD joue un double jeu. D'une part, certains dirigeants de ce parti participent aux manifestations du 20 février, et d'autre part le PJD s'exprime pour le consensus avec l'Etat. C'est ce qu'on appelle en politique l'opportunisme. Ce qui me paraît étrange c'est que Benkirane parle déjà de lui-même comme s'il était président du gouvernement. Il est tellement sûr de lui qu'il suscite le doute. Il se peut qu'il se croit capable de mobiliser les citoyens pour qu'ils votent pour le PJD et il se peut aussi que des parties au sein de l'Etat lui auraient promis de lui faciliter l'accès à ce poste. Comment réagissez-vous aux critiques du PJD contre le fondateur du PAM? Le PJD n'est pas qualifié pour critiquer Fouad Ali El Himma. Cette campagne de dénigrement menée contre lui est déplorable. M. El Himma est un homme d'Etat par excellence. C'est lui qui mérite le plus le poste du Premier ministre car il a une vision cohérente pour la modernisation, la démocratisation et le développement de ce pays. Des lobbies le haïssent pour son charisme. Le PJD se moque des citoyens et il joue avec le feu. Les pratiques du PJD affaiblissent le projet de développement au Maroc et renforcent les lobbies qui tirent le pays vers le bas.