Fouad Ali El Himma renoue avec la une de l'actualité. Il vient de démissionner de la présidence de deux commissions du PAM. Fouad Ali El Himma prépare-t-il sa sortie de la scène politique ? Après des mois d'absence des réunions du PAM, le voilà qui présente, par écrit, sa démission de la présidence des commissions des élections et du suivi des élus à Mohamed Cheikh Biadillah. Le n°18 du bureau national du Tracteur n'a pas encore franchi le rubicond le séparant de la rupture totale du parti. Un parti qu'il a lui même façonné, au point que la formation s'identifie complètement à son artisan. Pour une majorité de la classe politique et même des adhérents du Tracteur, le PAM, c'est El Himma. L'avenir du premier est lié à celui du second. Le retrait de ce dernier des réunions du parti ne s'est pas passé sans dommages, des défections ont été enregistrées, notamment au Nord, les cas de Dibouni, conseiller à la 2e Chambre, qui a renoué avec le PPC, en compagnie de plusieurs présidents de communes ; de Samir Abdelmaoula, l'ancien maire de Tanger, également démissionnaire des rangs du PAM. L'image du parti s'en est fortement ressentie, la direction a tenté de la soigner avec juste des placebos mais le mal est trop profond. Le fossé séparant les anciens membres de la gauche et les notables qui assurent au parti de jouer les premiers rôles aux deux Chambres du Parlement marocain, ne cesse de se s'élargir. Les incidents entre les deux factions se sont multipliés. Déjà au printemps 2010, des problèmes avaient surgi entres elles à la suite des mois d'absence de Fouad Ali El Himma qui avaient été à l'origine de la réunion à huis-clos de Tanger, en vain. C'est la question qui taraude bien des esprits au sein du PAM. Les notables qui avaient afflué en masse au parti, séduits par la proximité de F.A.H du roi, n'auront pas de difficultés à rejoindre d'autres courants politiques. La chasse à cette catégorie de PAMistes avait commencé des mois auparavent, bien avant l'annonce de cette démission. Le problème ne se pose pas pour eux, mais bien pour les anciens membres de la gauche notamment du PSU qui avaient lié leur avenir politique à celui d'El Himma. Certes, depuis 2008, ils ont ajouté plusieurs titres à leurs CV, certains d'entre eux ont fait une ascension fulgurante ; mais pour eux l'absence de F.A.H sera plus dure à accepter. En effet, leur « légitimité » n'est justifiée que par leur proximité avec ce dernier. Une « légitimité » ô combien contestée par les notables. Et pour cause : le fondateur du PAM a boudé la rencontre. Les choses ne s'étaient calmées qu'après l'apparition de El Himma en plein Ramadan. Un retour qui avait remis en marche les rouages du parti. F.A.H, lui même, avait repris ses déclarations qui ont secoué le paysage politique à l'image de son annonce, lors d'une réunion des élus du PAM en automne dernier à Skhirat, où il a marqué sa volonté de restructurer les majorités dans les mairies de Casablanca, Salé et Tanger. Le fossé séparant les anciens membres de la gauche et les notables qui assurent au parti de jouer les premiers rôles aux deux Chambres du Parlement marocain, ne cesse de s'élargir. Des annonces aussitôt suivies par la démission de Abderrahim Ouatasse, membre influent du conseil de la ville de la métropole économique, des rangs du PAM et son adhésion au PJD et par l'arrestation de Jamaâ Moatassime, un autre PJDiste, premier vice-président du conseil de Salé, pour de multiples accusations. L'homme était condamné à passer des années en prison si n'eut été l'intervention de la grâce royale à quatre jours des marches du 20 février. Actuellement, Moâtassime est membre du Conseil économique et social installé par le roi Mohammed VI. Depuis, les critiques à l'encontre de Fouad Ali El Himma ont monté d'un cran. La direction du PJD, sentant le vent souffler en sa faveur, a accentué ses attaques directs contre F.A.H. Abdelilah Benkirane a même appelé le n°18 du conseil national du PAM à quitter la scène politique. Un appel relayé en chœur par les autres têtes d'affiche de la Lampe. De son côté, l'Istiqlal a surfé sur la même vague. Si Abbas El Fassi a évité de se joindre à la polémique, Hamid Chabat, maire de Fès et secrétaire général de l'UGTM, et Hamdi Ould, le maire de Laâyoune, ne se sont pas privés d'accuser le PAM d'être responsable dans l'affaire de l'enlisement du camp de fortune Gdam Izik (d'octobre au 8 novembre 2010). Le Mouvement du 20 février a également participé à cette campagne contre El Himma. Les banderoles lui demandant de « dégager » font désormais partie du rituel des marches. Ils ne sont pas uniquement PAMistes car Fouad Ali El Himma a réussi à créer des obligés aussi bien à droite qu'à gauche. Une proximité qui a valu, par exemple, à Driss Lachgar d'endosser l'habit de ministre après des mois d'attente dans l'antichambre des ministrables de l'USFP. Une proximité qui ne s'est pas faite sans contrepartie : Lachgar a accepté de jeter aux orties son alliance avec Mustapha Ramid du PJD pour le maroquin des Relations avec le Parlement. Salaheddine Mezaour doit beaucoup à El Himma. Sans le soutien de ce dernier, son mouvement réformateur ne lui aurait pas permis d'évincer Mustapha Mansouri de la présidence du RNI. Les communales du 12 juin 2009 donnent l'occasion au fondateur du PAM d'étaler toute son expertise dans l'art du façonnement des majorités. Parfois, le processus se faisait au grand jour, comme cela s'est passé à Oujda, Tanger et, dans une certaine mesure, à Casablanca. Le n°18 du Conseil national avait déployé toute son expérience de presque deux décennies au ministère de l'Intérieur pour donner, avec sa bénédiction, naissance à des majorités tout en excluant les élus du PJD. Pendant toute cette opération, la Justice a gardé le silence. Les représentants de l'Administration territoriale lui ont opté pour le même choix.