«Il fallait éviter que le Sahara soit un enjeu politique entre les partis», a déclaré Benkirane. Une allusion plus que transparente à la guerre que se livrent l'Istiqlal et le PAM, bien avant les communales du 12 juin 2009, pour le contrôle de Laâyoune. Benkirane a estimé qu'il entretient de «bonnes relations avec Fouad Ali El Himma et Mohamed Cheikh Biadillah». Mardi sur Al Oula, Abdelilah Benkirane a fait son grand show. Invité à l'émission «Hiwar», le secrétaire général du PJD s'est forcé de tenir un langage cohérent, notamment sur les tragiques événements de Laâyoune, avant d'être totalement happé par son penchant populiste. Il est vrai que ses interlocuteurs ne lui ont guère facilité la tâche, au point qu'à certains moments, l'émission a complétement viré au dialogue de sourds entre le PJDiste et des «porte-parole» non déclarés du PAM. Parce que, outre l'invité du jour, le Tracteur était bel et bien la vedette incontestée de cette émission, ce qui est d'ailleurs loin d'être le propre de «Hiwar» mais qui est partagé également par d'autres programmes politiques que diffuse Al Oula ou 2M. «Il fallait éviter que le Sahara soit un enjeu politique entre les partis», a déclaré Benkirane. Une allusion plus que transparente à la guerre que se livrent l'Istiqlal et le PAM, bien avant les communales du 12 juin 2009, pour le contrôle de Laâyoune. Le premier soutenu par le clan des Ould Errachid, représenté par Hamdi, le président du conseil de la ville, et l'autre par le wali de la région. Une commission d'enquête indépendante sur les événements du lundi 8 novembre pourrait élucider certains points sombres de cette affaire. Comme par exemple la partie qui a laissé proliférer les tentes à Gdeim Izik sans initier aucune intervention. Benkirane assure à ce sujet qu'«il fallait démanteler le camp dès les premiers jours de son installation». Concernant la situation à Laâyoune, le secrétaire général du PJD ne cache pas sa préférence pour l'Istiqlal, qu'il qualifie d'ailleurs de «parti authentique». Pour éviter que le scénario du lundi noir de Laâyoune ne se reproduise, Abdelilah Benkirane a appelé à la désignation de responsables au Sahara issus de cette région. «Des responsables honnêtes et capables d'écouter au mieux la population sahraouie», a-t-il souligné. Concernant ses rapports avec le PAM, Benkirane a estimé qu'il entretient de «bonnes relations avec Fouad Ali El Himma et Mohamed Cheikh Biadillah», ce qui n'est pas la cas avec les PAMistes ayant milité dans le passé au sein de l'extrême gauche. Une assertion qu'il balaiera, plus tard, d'un revers de main en affirmant que le PAM est un parti ancien formé par des «éradicateurs». Dans la rhétorique de Benkirane, ce terme est utilisé pour désigner Fouad Ali El Himma, le fondateur du parti du Tracteur. Un retour aux discours du SG du PJD, au lendemain des élections communales du 12 juin 2009, corrobore en effet ce constat. Pour mémoire, la direction du PAM avait même menacé de porter l'affaire en justice avant de se rétracter. Le passage de Benkirane à «Hiwar» a été marqué par de fortes déclarations. Florilège : «Ce qui s'est passé à Tanger est une mascarade» ou «La démocratie a été massacrée», en référence à l'élection du nouveau maire de la capitale du Détroit, issu des rangs du PAM. Ou encore «L'Etat ne soutient pas le PJD» et «Si l'Algérie veut le Sahara, il faut qu'elle entre en guerre avec le Maroc pour le prendre».