Parce qu'il s'est abstenu de rendre à son ami les cinquante dirhams qu'il lui avait prêtés, il a trouvé la mort. C'était son ami, condamné à quinze ans de réclusion criminelle, qui l'avait tué à coups de bâton. Nous sommes à Settat. À la chambre criminelle près la Cour d'appel, la salle d'audience était archicomble ce jour du mois de juin. Au box des accusés se tenait ce jeune homme qui semble avoir regretté son meurtre contre son ami. D'abord, il a nié devant les enquêteurs de la Gendarmerie royale de Berrechid, quand il a été arrêté au mois de janvier, avoir l'intention de commettre ce crime. Même au début, il a nié l'avoir commis. Le lendemain du jour «J», le 12 janvier de l'année en cours, le mis en cause a quitté la ferme, où il travaillait comme gardien, située dans un douar de la région de Sidi El Mekki, dans la province de Berrechid, vers le domicile de son patron, situé dans la région de Bouskoura. Quand il est entré chez lui, il était encore en état d'ivresse. Il sanglotait et balbutiait quelques mots incompréhensibles. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Et pourquoi pleurait-il ? C'est ce que lui a demandé son patron qui a essayé de le calmer pour savoir ce qui s'est passé au juste. «J'ai découvert mon ami, Mohamed, corps sans âme, jeté juste à l'entrée de la ferme. Je ne savais pas à quel saint me vouer surtout que l'index sera mis sur moi. Craignant d'être accusé de son meurtre, j'ai jeté son corps dans le puits», lui a-t-il raconté tout en continuant à sangloter. Le gardien, âgé de trente et un ans, célibataire, a demandé à son patron de l'aider pour se débarrasser définitivement du cadavre de Mohamed. Le patron a fait semblant qu'il allait l'aider. Il l'a effectivement accompagné à la ferme. Mais, il avait déjà donné le feu vert à ses frères pour alerter les éléments de la Gendarmerie royale de la région. Rapidement, ceux-ci se sont dépêchés sur les lieux. Les sapeurs-pompiers sont arrivés, eux aussi, sur les lieux. Ils ont repêché le cadavre du puits. Les enquêteurs ont remarqué que le cadavre présentait quelques blessures et des traces de violence au niveau de la partie gauche de la tête, ainsi que sur les deux mains. Il a été ensuite conduit à bord du fourgon mortuaire à destination de la capitale économique, Casablanca, pour être mis entre les mains du médecin légiste à l'hôpital médico-légal d'Arrahma. Interpellé, le patron de la ferme a affirmé avoir été informé par son employé, le gardien, qui l'a accusé d'avoir tué son ami. Le père du défunt a précisé aux enquêteurs que le gardien de la ferme était un ami intime de son enfant, Mohamed. Est-il l'auteur du crime ? Bien qu'il ait nié au départ être le meurtrier, il a fini par l'avouer. Ce mis en cause, la trentaine, qui n'a jamais mis les pieds à l'école et qui a commencé à travailler dans cette ferme, a affirmé aux enquêteurs que son ami, Mohamed, est arrivé chez lui, le soir du 11 janvier. Tout d'un coup, il lui a annoncé qu'il allait chercher du kif dans un autre douar. Le défunt est parti. Ce n'est que vers 23 h qu'il a rejoint le gardien de la ferme avec une bouteille de vin rouge à la main. Tous les deux conversaient tout en s'enivrant. Tout d'un coup, le gardien a demandé à son ami, Mohamed, de lui rendre les cinquante dirhams qu'il lui avait prêtés. Mohamed lui a sollicité d'attendre jusqu'à la fin du mois. Mais, le gardien a insisté pour recevoir son argent. Mohamed s'est énervé. Et il a brandi un couteau. Il menaçait son ami, le gardien. Celui-ci n'est pas resté les mains croisées. Il s'est armé d'un bâton et lui a asséné quelques coups au niveau de la tête. Perdant connaissance, Mohamed a rendu l'âme quelques minutes plus tard. Pour se débarrasser du cadavre, il l'a jeté dans le puits. Devant la Cour, le gardien a tout raconté. Un crime et un aveu qui lui ont coûté quinze ans de réclusion criminelle.