Pour un joint que lui a arraché son ami Najib, Hicham, divorcé et père d'un enfant, a perdu son contrôle et l'a tué à coups de couteau. Nous sommes à la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Comme à l'accoutumée, la salle d'audience est archicomble. Au box des accusés se tenait Hicham. Ce jeune homme de vingt-huit ans, divorcé et père d'un enfant de trois ans est poursuivi, en état d'arrestation, pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et consommation de drogue. «Je n'avais pas l'intention de le tuer, M. le président…», a affirmé Hicham sur un ton exprimant, sans aucun doute, son regret. Rapidement, le président lui a rappelé que le parquet général ne l'avait pas poursuivi pour homicide volontaire et qu'il a déduit, après l'examen de son dossier, qu'il n'avait pas l'intention de commettre de meurtre. En écoutant la remarque du président de la Cour, Hicham a baissé ses yeux. Il ne cessait de penser à son sort qui était entre les mains de la Cour. «C'est lui, M. le président, qui m'a provoqué en m'arrachant mon joint…», a-t-il tenté de justifier son acte criminel. Avait-il raison ou tort ? Un témoin, Saïd, qui n'était pas loin de la scène du crime a attesté avoir remarqué Hicham qui courait derrière Najib. «Il courait derrière lui avec un couteau à la main…Je les ai suivis en courant et j'ai pas pu arriver à attraper Hicham, je lui ai demandé de retourner chez lui, mais il m'a dit qu'il ne voulait que récupérer son joint qui a été subtilisé par Najib…», a précisé le témoin. Marchand ambulant, Hicham fréquentait le Souk de Hay Mohammadi pour gagner sa vie et subvenir à sa petite famille qui était composé de sa mère, son épouse et son enfant. C'est là qu'il a fait la connaissance de Najib. Du même âge que lui, il a sympathisé avec lui au point qu'ils passaient ensemble la majorité de leur temps, à vendre leurs marchandises et à prendre leur dose quotidienne en drogue. Après avoir divorcé, il ne voyait son enfant qu'une fois par semaine. Hicham avait fini par devenir toxicomane et perdait son argent en achetant du haschich. Il n'était plus ce jeune qui ne consommait qu'un ou deux joints par jour. Il ne fumait que des joints durant toute la journée. Qu'est-ce qui lui est arrivé pour tuer Najib ? Ils étaient dans un coin de la rue, à Hay Mohammadi, en train de fumer du haschich. Au fil des joints, Hicham s'est abstenu de remettre une dose à Najib. Pourquoi? «Il a refusé d'acheter sa part de haschich prétextant n'avoir pas de l'argent…», a expliqué Hicham à la cour. Tout d'un coup, Najib a saisi une petite occasion d'inadvertance pour arracher le joint des doigts de Hicham. Sans penser à ce qu'il devait faire, ce dernier a brandi son couteau qu'il portait toujours sous ses vêtements et l'a suivi en courant derrière. En l'attrapant, il ne lui a accordé la moindre seconde pour lui demander pardon et lui a donné deux coups au niveau de la cuisse. «Je l'ai frappé à la cuisse parce que je ne voulais pas le tuer, mais uniquement le blesser…», a affirmé Hicham. Évacué aux urgences de l'hôpital Mohammed V, Najib a rendu l'âme suite à une hémorragie. «Après délibération, la Cour te juge coupable pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner et consommation de drogue et t'accorde les circonstances atténuantes pour te condamner à quinze ans de réclusion criminelle…», a conclu la cour en rendant son verdict contre Hicham.