Le Adliste Saïd Benjebli, l'un des tenants des rênes du 20 février, est pointé du doigt par ses camarades du Mouvement des jeunes. Rien ne va plus entre le 20 février et le célèbre adliste Saïd Benjebli. Le fondateur de la page facebook du Mouvement, connu pour être l'un des activistes d'Al Adl Wal Ihssane les plus turbulents dans les manifestations, est montré du doigt par des jeunes du 20 février. Et pour cause, sa ferme volonté d'imposer les idées de la Jamaâ à ce mouvement. La Jamaâ qui a montré et démontré sa politique de manipulation des jeunes pour ses propres agendas. Sentant la position exclusionniste exprimée de la part de quelques leaders du 20 février, Saïd Benjebli est allé même jusqu'à dire qu'il a pris ses distances par rapport à la Jamaâ. «Benjebli dit qu'il a quitté Al Adl, pourtant on le voyait dans les manifestations tenant les coudes avec les membres de la Jamaâ et scandant les mêmes slogans qu'eux», affirme un jeune du 20 février. L'autre point qui intrigue les jeunes du 20 février reste incontestablement sa récente visite aux Etats-Unis. Ce natif d'Ouled Frej, à Settat, a passé 20 jours dans le pays de l'Oncle Sam au mois de mars dernier. Depuis son retour au bercail, ce jeune âgé de 31 ans et président de l'Association des blogueurs marocains ne jouit plus de la même aura auprès du 20 février. «Son séjour aux Etats-Unis au moment où le Mouvement du 20 février militait pour des réformes suscite des points d'interrogation», indique un des fondateurs du 20 février à Rabat. «Il s'agit d'un voyage qui avait été programmé il y a un an. J'ai participé à un programme culturel financé par le ministère américain des Affaires étrangères dont profitent plusieurs personnes à travers le monde», se défend Benjebli. Ce dernier affirme qu'il est toujours membre du 20 février et dénonce ce qu'il qualifie de «pratiques malsaines» visant à l'exclure du Mouvement. «Certains membres du 20 février veulent me détruire. Ils disent que j'ai tourné la veste. Ils véhiculent des rumeurs dans ce sens», confie-t-il à ALM. «Je ne participe plus aux réunions du Mouvement du 20 février car elles sont inutiles et inefficaces. Mais, il y a aussi des réunions secrètes. Il y a des lobbies au sein du Mouvement, dans chaque ville. Ces derniers manipulent les jeunes et orientent les décisions du 20 février. Je dénonce cette attitude non-démocratique. Je me rappelle qu'un jour, un membre du comité d'organisation du Mouvement à Casablanca m'a menacé d'assassinat si je ne me conformais pas aux orientations du Mouvement», ajoute Benjebli. Il affirme qu'il est prêt à dévoiler toutes les informations sur sa vie personnelle et professionnelle pour comprendre la position exclusionniste des membres du 20 février. Qui est Saïd Benjebli ? Père d'une fillette, Saïd Benjebli, informaticien de formatiton, est un blogueur qui publie régulièrement des billets sur Internet. Il gère un cybercafé à Had Soualem. Son ardent désir de chapeauter les protestataires d'Al Adl ne date pas du dimanche 20 février 2011. Une ardeur dans le «militantisme» qui a chamboulé son parcours scolaire. Titulaire de quatre diplômes de baccalauréat, Benjebli a été renvoyé de l'Institut spécialisé de technologie appliquée (ISTA) relevant de l'OFPPT en 2003 à El Jadida. «J'ai été renvoyé parce que je plaidais pour satisfaire les revendications des étudiants», explique-t-il. Après cet échec, Benjebli quitte El Jadida pour Fès. Ce jeune Adliste laisse tomber les sciences et opte pour la Chariâa. Mais «la Faculté de la Chariâa à Fès m'a mis à la porte pour les mêmes raisons que l'ISTA», raconte-t-il. Pour couronner son parcours de «combattant», Benjebli a été interpellé puis condamné à six mois de prison ferme au moment où il poursuivit ses études à la Faculté des lettres et des sciences humaines d'El Jadida en études islamiques. Appelant les étudiants à boycotter les examens de l'année scolaire 2003-2004, Benjebli a été accusé d'humiliation d'un fonctionnaire en service et d'atteinte aux biens publics. En 2011, Benjebli a brillé par sa « prestation » auprès de la Jamaâ lors des manifestations. Mais, aujourd'hui certains membres influents du 20 février ne souhaitent plus le voir parmi eux. «Benjebli est obstiné. Il n'est pas diplomate, il prend des décisions hâtives et souvent irréfléchies sûrement par manque d'expérience, mais il est rusé comme un renard. Son parcours est marqué par son militantisme adliste. Je le vois bien en tant que chef syndicaliste, mais il est loin d'être un homme politique», révèle un ami de longue date. Aussi, la position du fondateur de la page Facebook du 20 février à l'égard d'Annahj Addimocrati ne plaît guère aux membres du Mouvement. «L'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH), l'autre facette d'Annahj, emploie des méthodes qui ne sont pas transparentes. L'AMDH a récupéré Oussama Lakhlifi et par la même le Mouvement du 20 février. Les relations entre les deux entités ne sont pas honnêtes», souligne Benjebli. Abdessalam Yassine, le cheikh illuminé d' Al Adl Wal Ihssane Abdessalam Yassine, le cheikh de la mouvance Al Adl Wal Ihssane est né en 1928 à Marrakech. Sa famille est originaire du Souss. Inspecteur de l'enseignement secondaire, il se tourne en 1965 vers le soufisme. Il suivra les enseignements de l'ancien cheikh Abbès de la Zaouia Boutchichia avant d'abandonner la Zaouia à la mort de ce dernier. Fin 1973, il lance son mouvement islamiste fondamentaliste et se fait connaître en publiant sa célèbre lettre «L'Islam ou le déluge». Il écopera de trois ans d'incarcération, dont deux en hôpital psychiatrique. Depuis, il n'a cessé d'attirer de nouveaux adeptes pour sa mouvance, alors qu'autour de lui des séances d'écoute virent à l'interprétation de ses propres rêves que certains qualifient de délirant, et qui sont repris dans les différentes formes de sa mouvance. Entièrement centrée autour de sa personnalité, sa mouvance tire son influence de la double dimension, à la fois mystique et politique, contestant la monarchie et se réclamant de la tradition soufie.