Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, a indiqué, lundi, que la solution de la crise libyenne ne saurait être militaire. A l'heure où la Libye compte ses morts, les Etats de la région s'activent pour contribuer à la recherche d'une solution à la crise que connaît ce pays maghrébin. Les concertations aux niveaux régional et international se poursuivent au sujet de ce dossier épineux. Le Maroc, en tant que pays maghrébin, s'inscrit fortement dans cette dynamique, espérant mettre fin aux confrontations armées opposant les milices du régime Kadhafi aux rebelles qui contrôlent en partie l'est du pays. A noter que selon le Conseil national transitoire, organe des rebelles, plus de 10.000 personnes ont trouvé la mort et près de 55.000 blessés depuis le déclenchement de la crise libyenne le 17 février dernier. Le Maroc estime que la solution de cette crise ne saurait être militaire. C'est ce qu'a affirmé, lundi 18 avril, Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Au cours d'un entretien avec Omran Boukraa, vice-ministre libyen des Affaires étrangères, chargé des Affaires arabes, le chef de la diplomatie marocaine a souligné, selon un communiqué du département de M. Fassi Fihri, que la solution devrait être, nécessairement, politique, ouverte sur l'avenir et permettant au peuple libyen de décider, par lui-même et de manière démocratique, de son avenir. «C'est dans cet esprit que le Royaume du Maroc a participé aux réunions internationales, tenues à Paris, à Londres et plus récemment à Doha, consacrées à la crise libyenne», a-t-il fait observer. M. Fassi Fihri a réaffirmé «l'attachement du Maroc au respect total de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de la Libye sœur», tout en rappelant «la profondeur des liens de fraternité et de solidarité entre les deux peuples et leur engagement permanent en faveur de l'idéal maghrébin». Le ministre a rappelé que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à savoir 1970 et 1973, ont appelé à un cessez-le-feu immédiat, crédible et vérifiable, garantissant une protection efficace des populations civiles. Selon M. Fassi Fihri, ces résolutions préconisent, également, un dialogue politique inclusif qui réponde aux aspirations et demandes légitimes du peuple libyen sur le plan politique et socio-économique, de même, qu'elles soulignent l'importance de la dimension humanitaire et la nécessité d'apporter l'aide nécessaire aux populations civiles victimes de la violence armée. «Ce sont justement ces trois paramètres qui guident l'action diplomatique du Royaume du Maroc sur les plans régional et international, dans le cadre de sa contribution à la recherche d'une solution politique à la crise dramatique que vit ce pays maghrébin frère», ajoute le communiqué. Pour sa part, M. Boukraa a présenté, lors de cette réunion, un exposé détaillé sur les différents aspects de la situation dramatique qui prévaut en Libye. «Bien avant le déclenchement de la crise en Libye, le Maroc a toujours œuvré pour la promotion de la paix, la stabilité et la sécurité internationales. Le Maroc a toujours respecté ses engagements internationaux envers l'ONU dans ce cadre. Pour ce qui est de la crise libyenne, l'intervention du Maroc consiste à apporter une assistance humanitaire et médicale au profit des victimes des violences, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU», précise Mohamed Tajeddine El Husseïni, professeur des Relations internationales à l'Université Rabat-Agdal, dans une déclaration à ALM. «A partir du moment que le Maroc n'a pas encore reconnu le Conseil national transitoire basé à Benghazi cela veut dire qu'il maintient ses relations diplomatiques avec le régime de Kadhafi à Tripoli. Il est donc mieux placé que les autres pour œuvrer auprès des deux parties pour une solution politique au conflit. L'objectif ultime du Maroc étant de mettre fin aux hostilités et du bain de sang et de permettre au peuple libyen de décider librement de son avenir», explique-t-il. «Les attaques et les contre-attaques auxquelles se livrent le régime de Kadhafi et les rebelles font des centaines de victimes. Ni la Ligue arabe ni les assauts menés par les Etats formant la coalition internationale et l'Alliance du Nord de l'Atlantique n'ont permis d'atteindre des résultats concrets sur le terrain. Le Maroc est conscient de ce constat. C'est pour cela qu'il estime que la solution ne peut être que politique et non militaire», précise M. Tajeddine El Husseïni. A noter que le Maroc devra prendre part à la réunion, le 2 mai à Rome, du groupe de contact sur la Libye. Il s'agit là de la deuxième réunion de ce groupe, créé le 29 mars dernier lors de la Conférence de Londres, après celle tenue le 13 avril à Doha, au Qatar. Ce groupe est chargé notamment de fournir une plate-forme en vue de coordonner la réponse internationale sur la Libye. Rapatriement des ressortissants marocains Quelque 62 ressortissants marocains résidant en Libye ont quitté, lundi 19 avril, la Tunisie à destination du Maroc. Ces personnes sont arrivées, la veille, à Tunis, en provenance du sud de la Tunisie, après avoir traversé la frontière libyenne, venant de Tripoli. Des sources consulaires générales du Maroc en Tunisie ont indiqué que 35 autres personnes sont arrivées, lundi tôt dans la matinée, en Tunisie, après avoir franchi le poste-frontière Ras Jdir. A rappeler qu'un avion de la RAM avait évacué 234 Marocains ayant fui la Libye, dimanche 10 avril, à partir de l'aéroport de Djerba à destination de Casablanca. Quelque 2.500 Marocains résidant en Libye ont été rapatriés fin mars dernier via le territoire tunisien à travers un pont aérien entre les aéroports de Djerba et de Casablanca.