Les oppositions qui dénoncent le débat sur la laïcité sont beaucoup plus sonores que celles qui s'étaient dressées contre celui sur l'identité nationale et pourtant Nicolas Sarkozy fait la sourde oreille. La meilleure preuve que Nicolas Sarkozy pense que le débat sur la laïcité-Islam, qu'organise l'UMP cette semaine, est d'une grande pertinence politique est qu'il lui maintient sa bénédiction malgré toutes les oppositions qui l'ont dénoncé comme une entreprise stigmatisant les musulmans de France. Logiquement, le président de la République avait habitué son monde à ce que son style soit marqué par des reculs stratégiques même s'il lui avait fallu parfois en maquiller les sorties. Ce fut le cas du célèbre débat sur l'identité nationale sous la houlette d'Eric Besson. Lorsque Nicolas Sarkozy avait constaté cette puissante coalition du refus qui titre à boulets rouges sur ce débat, il fut abandonné en rase campagne. Les oppositions qui dénoncent le débat sur la laïcité sont beaucoup plus sonores que celles qui s'étaient dressées contre celui sur l'identité nationale et pourtant Nicolas Sarkozy fait la sourde oreille et maintient la programmation de cette thématique politique sur son agenda. Avec cette explication qui fleure bon la démagogie électorale : l'UMP de Jean-François Copé est dans son rôle d'agitateur d'idées et de force de propositions. Avant même d'avoir lieu, ce débat sur la laïcité-Islam est à l'origine de multiples réticences qui certainement vont en configurer la portée. La première secoua l'exécutif lui-même. Les divisions étalées au grand jour entre le Premier ministre François Fillon et un certain nombre de ministres qui refusent une telle convention et le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé ont donné lieu à des mélodrames politiques qui renseignent beaucoup sur la solidarité au sein d'une même famille politique censée porter Nicolas Sarkozy vers sa réélection. Le président de la République a été obligé de jouer les pompiers pour que les dissensions ne dégénèrent pas sans être certain que les feux de la division ont été éteints. La seconde réticence fissura l'UMP, elle-même. Le parti du président n'est plus certain de tirer dans la même direction. Il est menacé d'explosion entre deux tendances radicalement opposées sur la stratégique à suivre. Celle qui estime que le salut passe par le renforcement du cousinage politique et idéologique avec le Front National de Marine Le Pen et celle qui voit au contraire que la victoire ne passe que par la rupture, voire la lutte contre les extrêmes. Ce débat fragilise aussi bien l'UMP que la majorité présidentielle dont la composante centriste voit d'un très mauvais œil cette tentative effrénée de Nicolas Sarkozy de labourer les terres du Front National sans aucune garantie de succès. Les élections cantonales ont été un inquiétant révélateur. La troisième réticence est portée par l'opposition de gauche. Ce qui serait tout à fait dans l'ordre naturel des choses d'une opposition qui s'oppose. Mais elle est magnifiée par le refus des différents cultes, catholiques, juifs, bouddhistes de ce débat sur la laïcité, les structures de représentations du culte musulman ayant déjà fait savoir leurs craintes d'ouvrir la boîte de Pandore. La nouveauté de cette équation est que malgré cette somme de refus qui logiquement aurait dû dissuader Nicolas Sarkozy, en bon politicien qui flaire l'air du temps, d'aller de l'avant, le président reste intransigeant. Comme s'il s'était mis dans un engrenage où il avait perdu son libre-arbitre ou comme s'il avait la certitude de fer de jouer un poker gagnant.