Trois faussaires de billets de deux cents dirhams ont été traduits devant la justice à El Jadida après avoir écoulé plusieurs centaines de faux billets. Nous sommes au Mausolée Lalla Aïcha El Bahria, à Azzemour, un lieu de légende. Situé sur la rive droite de l'embouchure de l'oued Oum Rabie, les visiteurs, en grande majorité des femmes, y affluent pour accomplir le rituel nécessaire afin de voir leurs stérilités guéries, se protéger contre le «mauvais œil» et exaucer leurs vœux les plus inavoués. Seuls les habitants d'Azzemour et des environs s'y rendaient ? Non, les habitants de toutes les autres régions du Maroc le visitent. Et d'habitude, dans un monde pareil, personne n'attire l'attention de l'autre. Mais, pourquoi ces deux jeunes hommes qui fréquentaient le mausolée de Lalla Aïcha El Bahria pendant trois jours ont-ils attiré l'attention de cet indicateur ? Personne ne le savait au juste, mais sans aucun doute leurs comportements ont éveillé son sixième sens. En fait, cet indic s'est dépêché vers le commandement de la Gendarmerie royale afin d'aviser le commandant que deux jeunes hommes, qui circulaient à bord d'un scooter Suzuki Burgman, lui ont mis la puce à l'oreille. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Mais il a affirmé au commandant qu'ils avaient l'intention d'acheter deux bœufs chez une femme de la région. Seulement, l'opération n'avait pas eu lieu et ils sont partis. L'indicateur ne connaissait pas leur destination. Deux jours plus tard, les deux jeunes hommes ont été vus dans la région de Sidi Bouzid. Aussitôt, le commandement de la Gendarmerie royale d'Azzemour a contacté celui de Sidi Bouzid. Et les investigations ont été entamées. En conséquence, les deux jeunes ont été interpellés. La surprise est qu'ils étaient en possession de mille quatre cents billets de deux cents dirhams, voire la somme de deux cent quatre vingt mille dirhams. Etait-ce des faux billets ou des billets authentiques? Les enquêteurs ont remarqué que c'était de faux billets surtout qu'ils portaient tous le même numéro de série. Soumis aux interrogatoires, ils lui ont confirmé leur remarque. Le premier mis en cause, un père de famille, quadragénaire, a avoué avoir rencontré un ami auquel il a confié son état social et matériel dérisoire. «Je n'arrivais même pas à trouver de quoi payer le petit déjeuner à ma famille. C'est dur pour moi. J'ai pensé faire n'importe quoi pour avoir de l'argent nécessaire pour subvenir aux besoins de ma famille», a-t-il confié à son ami qui l'écoutait attentivement. Facilement, son ami lui a proposé la solution. Laquelle ? Il lui a remis une centaine de faux billets de deux cents dirhams. Il lui a proposé de les échanger en billets authentiques et ce contre une commission généreuse. Le père de famille a facilement accepté l'offre et s'est lancé à échanger les billets en achetant quelques biens et en empochant le reste de la monnaie. Remarquant que l'opération réussit et rapporte bien, il a décidé de travailler pour son propre compte afin qu'il gagne tout l'argent sans empocher uniquement une commission. Grâce aux commissions, il est arrivé, d'abord, à acheter une moto à vingt mille dirhams. Et il a demandé au deuxième jeune homme, arrêté en sa compagnie, de le rejoindre pour l'aider à écouler les faux billets. Tous les deux sont arrivés à écouler beaucoup de faux billets bleus. Seulement, ils n'ont pas pu aller jusqu'au bout puisqu'ils ont été arrêtés. Le faussaire, père de famille, son complice et celui qui lui a appris le métier ont été tous les trois traduits devant la justice à El Jadida.