Ces vacances de Noël interviennent dans un contexte politique particulier qui donne à la méditation et à la réflexion qui va se faire sous le doux soleil du Sud marocain une teinte particulière. Un communicateur, quelque peu enthousiaste, pourra toujours affirmer sans risque d'être ignoré par un hochement d'épaules qu'il s'agit-là d'une des manières les plus efficaces sinon de vendre, du moins de lustrer la destination «Maroc». S'agit-il d'une campagne séduisante d'affichage dans le métro parisien ? D'une campagne agressive de spots radio et télé vantant le pays comme «le paradis des sens». Non, il s'agit tout simplement de la décision de certains politiques français, et non des moindres, d'aller passer leurs fêtes de Noël au Maroc et les échos que cela diffuse dans l'opinion française. C'et actuellement le cas du président de la République Nicolas Sarkozy et de son épouse Carla Bruni qui, déjà l'année dernière à la même époque, avaient séjourné à la résidence royale de Jnane Lekbir à trois kilomètres de Marrakech. Cette année, une certaine discrétion voile leur lieu de séjour. Le couple présidentiel sera à quelques encablures d'un autre couple de pouvoir très prometteur, celui que forme Dominique-Strauss Kahn actuel patron du FMI et possible candidat socialiste à la présidentielle et son épouse Anne Sinclair qui possèdent dans la ville ocre un des plus beaux riads. Ce sera toujours le cas d'un autre couple présidentiel à la retraite, Jacques et Bernadette Chirac, qui ont pris depuis longtemps leurs habitudes festives dans la ville de Taroudant. Par leur régularité et leur fidélité à la destination Maroc, les Chirac en sont presque devenus un emblème, à tel point que quand la satire politique décide de railler, non une certaine tendresse, Jacques Chirac, elle le montre vêtu d'une djellaba et d'un tarbouche marocain, parlant d'un accent à faire fondre un dictionnaire Larousse. La seule proximité de Paris n'explique pas à elle seule le choix du Maroc par ces politiques pour aller passer les vacances les plus Sacrées de l'année. D'autres régions dans le périmètre ont autant d'atouts et de charme, mais n'ont pas réussi à s'attirer leurs faveurs. Pour Nicolas Sarkozy, comme pour Dominique-Strauss Kahn, ces vacances de Noël marocaines interviennent dans un contexte politique particulier qui donne à la méditation et à la réflexion qui va se faire sous le doux soleil du Sud marocain une teinte particulière. Les deux hommes entament avec l'année 2011 une séquence décisive de leur carrière. Pour Nicolas Sarkozy qui pense qu'avec le dernier remaniement il a mis ses troupes en tenue de combat pour conserver l'Elysée, il s'agit de mettre sur pied une stratégie gagnante contre l'usure, le discrédit et la perte de confiance. Théoriquement, sur le papier, il est difficile d'imaginer qu'un vent de mobilisation et d'enthousiasme, comparable à celui 2007, puisse encore souffler sur Nicolas Sarkozy et le porter aux nues. C'est donc l'heure de la réflexion. Pour Dominique-Strauss Kahn c'est maintenant l'heure du choix. Les sondages le donnent comme le meilleur socialiste capable de battre Nicolas Sarkozy. Mais tel un élève débutant, «échaudé» par une expérience malheureuse, il a le trac. Il communique par voie de silence, d'autant plus parlant que ses camarades socialistes attendent avec frénésie son oracle pour se positionner et choisir leur destinée et leur territoire. La torture des primaires socialistes, il en a déjà goûté les saveurs. Peut-être qu'après son séjour de Marrakech, il sortira de son riad et parlera.