Mercredi dernier, le gouvernement et des représentants de cinq centrales syndicales ont procédé à la signature d'un procès verbal sur les résultats des négociations entamées depuis plusieurs mois. Contrairement à ce qui a été prévu, le gouvernement est parvenu à des accords avec les syndicats qui permettent aux travailleurs des collectivités locales de bénéficier des mesures de majoration des indemnités. Le procès verbal signé avec la CDT ( Confédération démocratique du travail), la FDT (Fédération démocratique du travail), l'UMT ( Union marocaine du travail), l'UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) et l'UNTM (Union nationale du travail au Maroc), rapporte que les deux parties se sont mises d'accord sur un ensemble de mesures relatives au régime indemnitaire et à la révision de la situation de plusieurs catégories de fonctionnaires de l'Etat et des collectivités locales. Lors de la cérémonie de signature de ces accords, le Premier ministre, Driss Jettou, a fait savoir que l'augmentation des salaires convenue avec les syndicats nécessitera une enveloppe de 4,2 milliards de DH au titre de l'année 2003, 7,2 milliards DH au titre de l'année 2004, 9 milliards de DH en 2005 et plus de 11 milliards de DH en 2006. Il s'agit, en premier lieu, d'une augmentation substantielle du régime des indemnités des fonctionnaires et agents classés dans les échelles de rémunération de 1 à 9, allant de 300 à 600 dirhams. Ces augmentations seront versées en deux tranches correspondant au 1er juillet des années 2003 et 2004. Il est également question d'une révision du statut et du régime indemnitaire des techniciens dans le sens de l'extension à l'échelle 11 de leur plan de carrière et de la mise en place d'un régime indemnitaire propre à cette catégorie de fonctionnaires, assorti d'augmentations allant de 500 à 1250 DH. Ces augmentations seront servies en deux tranches correspondant au 1er juillet des années 2003 et 2004 pour les techniciens de premier et deuxième grades, et en trois tranches correspondant au 1er juillet des années 2003 -2004-2005 pour les techniciens principaux. Les indemnités mensuelles pour la nouvelle échelle (11) seraient de l'ordre de 5.550 DH pour les techniciens classés dans les échelons 1 à 5 et de 9.100 DH pour les techniciens classés dans les échelons 6 et plus. Ces indemnités seront versées sur trois ans. Dans le même ordre un accord a été conclu au sujet de la révision de la situation des informaticiens, notamment à travers l'intégration des analystes, analystes-concepteurs et analystes concepteurs principaux titulaires d'un diplôme d'ingénieur d'application ou d'ingénieur d'Etat « Option informatique » ou diplômes équivalents, et d'un diplôme d'analyste ou d'analyste-concepteur ou diplômes équivalents, dans les grades de la catégorie des ingénieurs. Les ingénieurs des établissements publics ont été, en outre, alignés sur la grille des salaires de leurs homologues de la Fonction publique. Une décision qui se traduit dans bon nombre de cas par des augmentations substantielles. Le règlement de la question de la promotion au titre des années 2000, 2001 et 2002 au profit des personnels qui n'ont pas bénéficié de la promotion pour insuffisance de quotas, figure également parmi les actes de ces accords. L'incidence budgétaire de cette promotion prend effet à compter du 1er janvier 2003. La nouvelle situation de ces fonctionnaires figurera dans leurs salaires à compter du 1er janvier 2004, alors que les rappels dus pour la période allant du 1er janvier 2003 au 31 décembre 2003 seront servis en trois tranches annuelles égales à partir de janvier 2004. A ces dossiers s'ajoute, donc, l'adoption d'une série de mesures améliorant ou complétant les dispositions du nouveau statut du personnel de l'Education nationale entré en vigueur en février 2003. Mais, en ce qui concerne la situation des administrateurs et des cadres assimilés, force est de constater que les deux parties n'ont pas abouti à un consensus entre elles. Interrogés sur les résultats de ce round du dialogue social, les représentants des centrales ayant signé ces accords se sont accordés à applaudir ces mesures, mais chacun d'eux a mis l'accent sur une question particulière. Tout en signalant l'importance de cette initiative, Miloudi Moukharik, secrétaire national de l'UMT, n'a pas manqué d'exprimer ses regrets quant à la suspension du dossier des administrateurs. Abderrazzak Afilal, secrétaire général de l'UGTM, a, de son côté, mis l'accent sur les acquis réalisés en faveur des agents de la Fonction publique, et estimé qu'ils amorcent une rupture avec l'approche archaïque qui prévaut dans ce domaine depuis l'ère coloniale. Pour Taeib Mounchid, ces accords réparent une partie des injustices et dysfonctionnements accumulés durant les quarante dernières années. Pour Allal Belarbi, membre du Bureau exécutif de la CDT, cet événement augure d'une nouvelle phase de gestion des affaires sociales et répond aux exigences de la mise à niveau du monde du travail et à celles de la mondialisation. Enfin, pour Abdeslam Maâti de l'UNTM, les résultats du dialogue social incitent à l'optimisme et confortent la paix sociale. Une page est, donc, tournée, et il reste, maintenant, à voir comment les négociations seront menées dans les semaines qui viennent entre le gouvernement et l'ensemble de ses partenaires sociaux, y compris le Patronat et les représentants des Chambres de Commerce, d'Industrie, des Services et d'Artisanat. De nouvelles questions continuent désormais d'être à l'ordre du jour, dont la couverture médicale, le logement social et les différentes zones de tension sociale au niveau régional et local.