Durant trois jours, des experts, des hommes politiques et des économistes de haut niveau ont débattu de la gouvernance mondiale sous tous ses aspects : politique, économique et financier. à la troisième World Policy Conference, SM le Roi Mohammed VI a souligné que le Maroc a délibérément choisi la voie judicieuse qui conduit à l'intégration entre ce qui est local, national et global pour relever le défi de la mondialité. Dans un message adressé aux participants à la WPC, qui s'est ouverte samedi matin à Marrakech, dont lecture a été donnée par Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, le Souverain a indiqué que le Maroc a délibérément choisi la voie judicieuse qui conduit à l'intégration local-national-global souhaitée, rappelant le lancement, dès 2005, de l'Initiative nationale pour le développement humain. «Cette Initiative est focalisée sur la satisfaction des besoins les plus concrets des individus et des communautés situées souvent dans les périphéries urbaines et les recoins les plus reculés des villages et des provinces du pays», a précisé le Souverain. Sur le plan stratégique, a-t-il rappelé, «Nous avons donné à cette dynamique interactive entre le local et l'universel, une expression concrète à travers ce que Nous avons engagé comme réformes institutionnelles et réconciliations courageuses historiques, sociales, en matière des droits de l'Homme et dans le domaine de l'espace territorial». SM le Roi a cité à ce propos la proposition marocaine d'autonomie faite par le Maroc pour régler le différend artificiel suscité autour de la marocanité de notre Sahara. «A cet égard, le Conseil de sécurité et la communauté internationale ont qualifié de crédibles et sérieux les efforts déployés pour lui donner corps. En effet, elle porte le sceau du réalisme local, tout en ouvrant une perspective régionale maghrébine, et en prévoyant des normes démocratiques universellement admises», a dit le Souverain. De même, a ajouté le Souverain, le Maroc, de par son attachement à la promotion d'un développement humain durable, notamment à travers l'utilisation optimale des nouvelles technologies propres, a lancé un plan pilote d'énergie solaire et un projet intégré d'énergie éolienne, dont l'impact direct et concret permettra au Maroc de satisfaire, à l'horizon 2020, la moitié, environ, de ses besoins énergétiques, à partir des sources d'énergies renouvelables et propres. D'autre part, SM le Roi a souligné le grand intérêt accordé par le Maroc à la question de la sécurité alimentaire mondiale. «Aussi, afin de marquer son adhésion à la promotion d'un partenariat mondial pour un développement solidaire, a-t-il tenu à inscrire le volet relatif à la sécurité alimentaire au cœur d'une politique de coopération Sud-Sud aussi concrète que novatrice, surtout en direction des pays africains frères et de tout autre pays à vocation agricole ou conduisant une révolution verte vouée au développement», a-t-il conclu. Initiée par l'Institut français des relations internationales du 15 au 17 octobre, la World Policy Conference a réuni 150 participants de 30 pays. De grandes sommités du monde de la politique et de l'économie étaient présents au rendez-vous : Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-Unies, Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères, Jean Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne, Haruhiko Kuroda, président de la Banque asiatique de développement, Fu Ying, vice-ministre des Affaires étrangères de Chine, Christophe de Margerie, P-dg de Total, Bruno Lafont, P-dg de Lafarge, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères. Cette année, la WPC s'est axée sur la gouvernance mondiale. Cette rencontre, sponsorisée par le Groupe OCP aux côtés d'autres multinationales, constitue un lieu de réflexion et d'échanges entre décideurs visant à améliorer la gouvernance mondiale sous tous ses aspects : géopolitique, politique, économique et financier. L'autre moment important de cette manifestation a été l'intervention de Ban Ki-moon. Le secrétaire général des Nations Unies a tenu à remercier le Souverain pour son message adressé aux participants de la WPC et a déclaré que la gouvernance mondiale constitue «l'une des grandes questions de notre temps», Ban Ki-moon a identifié trois grands défis pour la gouvernance mondiale. Selon lui, la gouvernance mondiale doit se mettre au service d'une économie mondiale qui fonctionne pour tous et non pas seulement pour une minorité. Le second grand défi est de lutter contre le changement climatique afin d'éviter une catastrophe. Le troisième grand défi concerne les migrations et le crime organisé. «Il y a aujourd'hui plus de 200 millions de migrants internationaux dans le monde. La crise économique les a rendus plus vulnérables», a-t-il souligné. Ban Ki-moon n'a pas mâché ses mots sur la question du terrorisme. «Le risque que des terroristes arrivent à se procurer des matières fissiles a donné une urgence nouvelle à la question de la sécurité nucléaire. Ceux qui aujourd'hui sont armés de bombes et d'armes à feu pourraient bien demain avoir à leur disposition un arsenal plus puissant. Le meilleur moyen de s'y opposer est de coopérer sans fléchir à l'échelon international», a déclaré le secrétaire général des Nations Unies. Par ailleurs, Ban Ki-moon a mentionné un point très important qui est la réforme des Nations Unies et notamment du Conseil de sécurité. Selon lui, les méthodes de travail du Conseil de sécurité doivent être améliorées s'agissant de la transparence de ses activités, de l'alerte rapide ou des règles régissant sa saisine. Cette question a de nouveau été débattue lors d'un point de presse samedi après-midi avec Thierry de Montbrial, président-fondateur de l'IFRI. A ce sujet, il a noté que malgré toutes ces imperfections, le système des Nations Unies continue d'être la référence en matière de légitimité et que la composition du Conseil de sécurité est totalement obsolète. «Aujourd'hui, la situation me paraît véritablement bloquée. D'un côté tout le monde s'accorde à dire qu'il faut une réforme du Conseil de sécurité mais en même temps aucun des pays qui bénéficient de privilèges n'a envie de les abandonner. La véritable question est de savoir quelle est la mission «positive» de ce groupe. Le P5 (membre permanent du Conseil de sécurité) a toujours joué négativement c'est-à-dire qu'au lieu de rechercher des solutions véritables, il y a toujours eu des affrontements entre les membres avec la menace du droit de veto», explique M. De Montbrial. Pour ce grand spécialiste des relations internationales, il y a un dilemme profond entre légitimité et efficacité. «La légitimité suppose que tout le monde soit représenté et soit partie prenante aux décisions dans les débats qui les concernent. C'est le système des Nations Unies. La légitimité entraîne des postures qui peuvent jouer contre l'efficacité», explique-t-il. L'Ifri espère pour les années prochaines avoir plus de participants. «La 4 ème édition se tiendra probablement à Marrakech. La WPC n'est pas une sorte d'ONU. En revanche une initiative de ce genre peut aider à faire avancer la réflexion d'une manière active. Il faut que nous arrivions à trouver des solutions coopératives car même lorsqu'il y a des conflits, il y a toujours des éléments coopératifs à faire émerger», conclut M. De Montbrial. SM le Roi Mohammed VI reçoit Ban Ki-moon SM le Roi Mohammed VI a reçu, samedi au Cabinet royal à Rabat, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, avec qui le Souverain a eu des entretiens. Cette audience s'est déroulée en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taïeb Fassi Fihri, et de Taye Brook Zerihoun, conseiller principal du secrétaire général de l'ONU. A son arrivée, M. Ban Ki-moon avait passé en revue un détachement de la Garde royale qui rendait les honneurs. Le secrétaire général de l'ONU effectue une visite au Maroc où il prend part aux travaux de la troisième édition de la World Policy Conference (WPC), qui se tient à Marrakech sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.