Pour un simple malentendu, Redouane, âgé de trente-quatre ans, a tué son neveu, âgé de treize ans, à coups de marteau et lui a arraché les yeux avec un tournevis. Redouane est-il un malade mental qui doit être interné dans un hôpital psychiatrique ou un criminel sans pitié ? En fait, chaque habitant du quartier Al Wahda, à Sidi Yahia El Gharb, province de Kénitra a sa propre réponse. Il y a ceux qui confirment qu'il est effectivement malade mental. D'autres assurent que les comprimés psychotropes anéantissent sa raison au point qu'il n'arrive pas à contrôler ses comportements. Et d'autres sont certains qu'il est conscient de tous ses comportements envers sa famille et ses voisins et qu'il ne mérite que d'être derrière les barreaux jour et nuit. Qui a raison ? Qui a tort ? Peu importe. Puisque ces différentes opinions ne changeront rien de ce qu'a fait ce jeune homme de trente-quatre ans, célibataire, repris de justice. Sa libération ne remonte pas à longtemps. Il n'a pas purgé toute sa peine de cinq ans de prison ferme pour avoir tué l'imam d'une mosquée après avoir bénéficié de la grâce royale. Tout le monde s'interroge jusqu'à aujourd'hui sur les raisons pour lesquelles les juges de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Kénitra qui l'avaient jugé étaient très cléments et celles qui ont poussé les responsables à le mettre sur la liste des détenus qui doivent bénéficier de la grâce royale. Parce qu'il est malade mental ? Les rumeurs allaient bon train, mais personne n'a jamais donné une réponse précise et convaincante. Depuis qu'il a été libéré, Redouane a repris sa vie comme auparavant : le chômage, les bagarres, l'alcool et les comprimés psychotropes. Personne ne pouvait s'approcher de lui. Puisqu'il est très agressif, très violent et sans pitié. La preuve ? Le crime qu'il a commis, dernièrement, contre son neveu, Achraf. Âgé de treize ans, celui-ci n'hésitait pas à rendre tous les services que lui demandait son oncle maternel, Redouane. Il ne lui disait jamais «non», puisqu'il évitait sa cruauté et sa violence. Seulement, cette fois-ci, l'enfant qui avait d'autres choses à faire a refusé de lui faire une course. Bien que son oncle maternel eût insisté à plusieurs reprises, Achraf s'est abstenu de lui rendre ce simple service. Cependant, personne n'a jamais imaginé que cette obstination pouvait céder la place à un crime horrible. Redouane a décidé de se venger de son neveu qui a refusé de lui rendre un service. Une vengeance sans appel. Sans trop chercher, Redouane a mis la main sur un marteau et un tournevis. Il est resté dans sa chambre, au domicile de sa sœur, en attendant le retour de son neveu. En fait, Redouane était sous l'effet de comprimés psychotropes. Quand Achraf est rentré, il l'a appelé pour le rejoindre à la chambre. Il n'y avait personne à la maison à part lui et l'enfant. Celui-ci l'a rejoint et lui a demandé ce qu'il voulait. Il lui a demandé de s'approcher de lui. Achraf n'a pas hésité à le faire. Mais, il n'a pas pensé que son oncle serait agressif. Il lui a donné plusieurs coups de marteau à la tête. Il n'a cessé qu'une fois Achraf n'avait plus la force de crier et de demander secours. Enfin il a rendu l'âme. Aussitôt, il lui a arraché les yeux avec le tournevis avant de sortir et prendre le chemin sans savoir vers quelle destination. Il ne s'est arrêté qu'une fois arrivé, à pied, à la ville de Salé. Il n'a été arrêté que le matin du dimanche 25 juillet, quand il est retourné, toujours à pied, à Sidi Yahia El Gharb et s'apprêtait à aller à Mahdia.