Laisser son activité sexuelle en mode de veille jusqu'à la rencontre du partenaire parfait influence forcément la vie sexuelle, relationnelle et psychosociale de l'abstinent. Abstinence sexuelle peut être un vœu de chasteté pour certains, une contrainte difficilement assumée pour d'autres. Bien que cela suppose le fait de laisser ses organes sexuels en mode de veille jusqu'à la rencontre d'un partenaire, cette attitude qui peut être volontaire et même devenir un mode de vie comme chez le cas de diverses communautés religieuses monothéismes, a des conséquences sur l'individu et la société. Mais quand on parle de l'abstinence sexuelle, est-ce qu'on reste dans le domaine de la sexologie? «Quand nous sommes en face d'un choix ou d'une action, le fait de ne pas le faire ou de ne pas passer à l'action, est une action en elle-même», souligne Dr Amal Chabach. Et d'ajouter : «L'abstinence sexuelle fait partie de la vie sexuelle et de l'historique de la sexualité de la personne, nous sommes toujours dans le domaine de la sexologie puisque cela influence forcément la vie sexuelle, relationnelle et psychosociale de l'abstinent». Et les conséquences d'une telle attitude , comme toute action dans la vie, peuvent être positives ou handicapantes. Ainsi dans le contexte d'une société musulmane et conservatrice, l'abstinent se sentira en diapason avec ses croyances et ses conditionnements, et ne culpabilisera aucunement car il est dans les normes sociales . «Sur le plan psychologique, cela lui donne une force indéfectible. Il évite également des problèmes liés aux maladies sexuellement transmissibles ou des grossesses non désirées…», précise notre sexologue. Mais l'abstinence n'est pas chose facile. Car la tentation sexuelle (le bouillonnement des hormones en pleine puissance, la frustration et l'insatisfaction corporelle seraient au rendez-vous) et l'influence directe de l'entourage sont des forces très réelles qui affectent tout individu notamment qu'on vit dans une société de plus en plus ouverte et «occidentalisée» (voir entretien avec le sociologue page 29). Aussi, selon Dr, Chamach, si l'homme tarde à se marier (pour différentes raisons: professionnelles, matérielles, familiales, personnelles…), il pourrait ressentir également le manque de la chaleur relationnelle d'aimer et d'être aimé. «A mon avis, il vaudrait mieux s'abstenir que d'avoir des relations instables à droite et à gauche ! Les conséquences sont encore plus fâcheuses sur le plan santé physique, psychologique et l'image de soi». Par ailleurs, il est de mise que la société marocaine tolère à l'homme ses aventures sexuelles (et même les encourage) alors qu'elle réprimande tout acte à la femme. Une attitude hypocrite et qui est purement sociale car sur le plan religieux, l'interdiction à avoir des rapports hors mariage est valable pour les deux . «Au fait, la société oublie que ces hommes ont forcément des rapports avec des jeunes femmes… qui se marient avec des hommes… donc encourager dans un sens, c'est encourager obligatoirement dans les deux sens ! Donc cette réprimande est illogique...». Notons qu'il existe aussi des types d'abstinence notamment deux catégories d'abstinents sexuels: les abstinents primaires et les abstinents secondaires. Les primaires : ce sont ceux qui n'ont jamais eu de relations sexuelles. Les abstinents secondaires sont des gents qui avaient l'habitude d'avoir des relations sexuelles mais qui ont changé de comportement. Il y a aussi des personnes qui sont dans des situations les séparant de leurs conjoints notamment en raison d'éloignement géographique ou raisons professionnelles ou autres. Ils peuvent donc vivre ce qu'on peut qualifier d'abstinence partielle. Mais dans tous les cas, Dr Chabach conseille que pour bien vivre son abstinence, il faut tout simplement accepter et assumer son choix, sans se comparer à d'autres personnes qui ont fait des choix inverses. «Il n'y a ni un bon ni un mauvais choix, l'essentiel est d'écouter ses intuitions et de suivre ses convictions, pour ainsi ne pas rentrer en conflit avec soi-même et vivre malheureux toute sa vie ! » conclut-elle. Témoignages • «J'ai 30 ans et au fil de mes nombreuses conquêtes, j'avais cultivé une mauvaise image de moi-même. J'en ai conclu que l'abstinence pouvait aussi avoir des effets bénéfiques sur mon état d'esprit. Mais cette abstinence reste difficile. Il faut être bien déterminé et remplir son temps par toutes sortes d'activités, rencontres entre amis, sport, lecture, sans oublier les activités sprituelles». • «Moi, je pense qu'il existe plusieurs raisons de passer à l'acte, mais qu'il y en a parmi celles-ci des raisons erronées :Tout le monde le fait et cela a l'air de procurer du plaisir. J'ai besoin de le faire pour prouver que je suis une femme. J'avais peur de la réaction de mes amis si je ne le faisais pas. Mon partenaire m'a forcée à avoir des relations sexuelles avec lui et je ne savais pas comment lui dire non. Il disait qu'il me laisserait si je n'acceptais pas d'avoir des relations sexuelles avec lui».