La vieillesse, dernier âge de la vie, est longtemps restée en transit sous les vertus de la sagesse et du respect, nul n'ose donc s'aventurer à explorer la sexualité des seniors. Zoom toute sur les galipettes des aïeuls. Bien que le cliché de la mémé et du pépé qui se tiennent la main dans la rue soit loin de notre culture, il suscite en nous bien des sentiments. Ainsi, dans les rares cas où on les rencontre à tout hasard dans la rue, les commentaires fusent. De ceux qui trouvent que c'est mignon à ceux qui pensent que c'est outrageant à leur âge, nul ne se permet de les imaginer en situation d'intimité conjugale. Dans le cas d'un jeune couple, le commun des hommes qui se prélasse sur la terrasse des cafés laisserait libre cours à son imagination méditant sur la vie sexuelle des tourtereaux ou encore envierait le garçon pour la jolie paire de seins de sa compagne. Selon l'avis d'un sociologue, «dans l'inconscient des gens, la sexualité des personnes âgées est assimilée à celle des parents sur laquelle plane un interdit culturel très fort». Et c'est à tort que l'on est amené à penser automatiquement que la sexualité chez les personnes âgées c'est de l'histoire ancienne. Justement, dans une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de Chicago et publiée par le British Medical Journal (BMJ), on traite du sujet. Aussi, le Dr Mustapha Rassi, sexologue, explique qu'à défaut d'étude purement marocaine «à priori, nous pouvons avancer que la nationalité ou les spécificités sociales n'interviennent pas pour désigner qui est sexuellement actif de celui qui ne l'est pas. Il s'agit en principe d'activités hormonales qui se maintiennent plus chez les hommes que chez les femmes. Donc, il n'y a pas de raison pour que les études marocaines ne s'alignent pas sur les résultats des études britanniques». Dans ce sens, l'étude en question révèle qu'à 55 ans, les hommes peuvent s'attendre à conserver une activité sexuelle d'au moins 15 ans alors que pour les femmes de cet âge, cette période ne durerait que 11 ans. Les chercheurs ont étudié les résultats d'une grande enquête incluant au total 3.000 adultes âgés de 57 à 85 ans. Les participants ont fourni des informations sur leur état civil, la qualité de leur vie sexuelle et la fréquence de leurs rapports. Ils ont également noté leur état de santé. Les résultats ont montré que les hommes sont plus souvent sexuellement actifs, mènent plus fréquemment une vie sexuelle satisfaisante et avouent un intérêt pour le sexe plus important que les femmes. Cette différence est encore plus marquée entre 75 et 85 ans, période durant laquelle 40% des hommes conservent une vie sexuelle active contre seulement 17% pour les femmes. Cela se traduit généralement par des mariages en âges avancés pour les hommes veufs ou polygames alors que les femmes âgées refoulent leurs pulsions sexuelles derrière le poids des tabous et des outrages culturels. Petite consolation pour les femmes, les résultats de l'enquête publiée par le BMJ, révèlent que la plupart d'entre elles ne semblent pas souffrir d'un quelconque manque. Selon l'étude, les hommes ont tendance à épouser des femmes plus jeunes, mourir plus tôt et avoir plus d'intérêt pour le sexe. Alors que 72% des hommes âgés de 75 à 85 ans ont des partenaires, moins de 40% des femmes de cet âge sont accompagnées. Seulement la moitié des femmes de 75 à 85 ans sexuellement actives jugent leur vie sexuelle «bonne», et seulement 11% des femmes de cet âge avouent penser régulièrement à la bagatelle. Parmi les célibataires de 57 à 85 ans, 57% des hommes s'avouent intéressés par le sexe, contre seulement 11% des femmes. Des résultats plutôt choquants pour bon nombre de personnes qui croient que leurs grands-parents ont dû oublier les prouesses sexuelles à force de rhumatismes. Les personnes âgées ont-elles des besoins sexuels? Plusieurs études le démontrent: les besoins sexuels ne disparaissent pas au fil des ans. Ils diminuent en intensité ou en fréquence, mais peuvent s'exprimer à tout âge… même très avancé. La sexualité est une pulsion vitale. De plus, chez les personnes âgées, le contact avec la peau est très important. Toucher la main, caresser une personne âgée provoque chez elle une réaction de bien-être. Mais cela ne signifie pas toujours une relation sexuelle au sens d'un rapport sexuel. Selon une étude réalisée sur 202 personnes âgées de 80 à 102 ans et dont l'âge moyen était de 86 ans: 82% des hommes et 64% des femmes avaient des rapports de tendresse ; 72% des hommes et 40% des femmes se masturbaient et 63% des hommes et 30% des femmes avaient des rapports sexuels. Par ailleurs, ce besoin relationnel fait entrevoir des phénomènes nouveaux. Compte tenu du nombre croissant de femmes seules vieillissantes, celles-ci osent afficher une relation sexuelle entre elles, sans être à proprement parler des homosexuelles. Par ailleurs, quelquefois des liens se tissent en dehors du couple quand un des deux connaît des défaillances, par exemple lors d'une maladie de type Alzheimer. Le Viagra : Comment ça marche ? Le dernier recours des pénis usés par le poids des années, reste la fameuse pilule bleue. Vendu en pharmacie, le Viagra a longtemps créé la polémique jusqu'à devenir un soin médical des plus courants. A base de sildénafil, le Viagra est un traitement oral des troubles de l'érection. Dans des conditions naturelles, c'est-à-dire avec une stimulation sexuelle, il restaure la fonction érectile déficiente en accroissant le flux sanguin vers le pénis. Le mécanisme physiologique responsable de l'érection du pénis implique la libération de monoxyde d'azote dans le corps caverneux lors de la stimulation sexuelle. L'oxyde d'azote active alors l'enzyme guanylate cyclase, ce qui entraîne une augmentation des concentrations de guanosine-monophosphate cyclique induisant un relâchement des muscles lisses du corps caverneux et favorisant l'afflux sanguin.