Il s'est présenté à elle comme employé dans une société. Il l'a demandée en mariage. Elle a découvert qu'il ne s'agissait que d'une ruse pour abuser d'elle. «Je ne lui ai jamais promis le mariage, ni abusé d'elle». Par cette phrase, Saïd a entamé ses réponses devant les trois magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. Il se disculpait haut et fort. «Elle a voulu juste se débarrasser de moi, M. le président», a-t-il précisé devant la Cour qui l'interrogeait. Saïd tentait de les convaincre qu'il s'agissait juste d'un coup monté pour le mettre au placard. Ni plus, ni moins. «Elle m'a demandé, à maintes reprises, de l'oublier, mais je n'ai pas pu… Je l'aime. Ça me dépassait, M. le président», a-t-il ajouté. L'aimait-il vraiment ? A-t-elle effectivement monté un coup pour se débarrasser de lui ? «Non», a-t-elle répondu devant les trois magistrats de la chambre criminelle. L'œil dans l'œil, elle répondait aux questions de la Cour sans hésitation, mais avec les larmes aux yeux. Elle s'appelle Nabila. Depuis plus d'un an et demi, elle avait entretenu une relation amoureuse avec Saïd. Au début, elle l'a rencontré au parc Mohammed V, à proximité de la plage. Elle était seule quand il lui a demandé de lui accorder quelques minutes afin de lui exprimer ses sentiments. Il lui a exprimé son intention d'avoir une femme qui partagerait avec lui son foyer, avoir des enfants et partager tant le bien que le mal. Il lui a affirmé être un employé dans une société, bien rémunéré et l'a invitée à un café. Elle a accepté son invitation. Au cours de leur conversation autour de deux jus, ils ont décidé de se rencontrer une autre fois. Le rendez-vous a été fixé. Depuis, leurs rencontres sont devenues presque quotidiennes. Il l'invitait à chaque fois pour rendre visite à sa mère. Mais elle refusait. Elle était certaine qu'il ne s'agissait que d'une ruse pour la mettre dans ses filets. À ce propos, elle lui a exprimé sa position : ils ne partageront le même lit qu'après avoir célébré la nuit de noces. Une position qu'il a respectée puisqu'il ne l'a plus invitée. Deux mois plus tard, il a conduit sa famille chez celle de Nabila. Elle était pleine de joie. Son prince charmant est venu la demander officiellement en mariage. C'est ce dont elle rêvait depuis leur première rencontre. Ils ont fixé la date de la nuit de noces. Mais, entre-temps, il lui a demandé d'aller voir sa mère. Pourquoi ? Il n'avait pas d'explication. Nabila n'avait rien à craindre, elle était sa fiancée. À bord d'un petit taxi, ils sont arrivés chez lui. Quand il a ouvert la porte, elle a remarqué que personne n'y était. Où est sa mère ? «Elle était à la maison, je crois qu'elle est sortie faire une course», lui a-t-il répondu. Après avoir été clouée au seuil du domicile pour quelques minutes, Nabila est enfin entrée. Comme si elle a chassé les soupçons de sa tête. Elle avait l'intention d'attendre sa future belle-mère. Malheureusement Saïd a changé de comportement. Il a vite brandi un couteau et lui a ordonné de se dévêtir. Elle a refusé. Saïd l'a giflée. Nabila a fondu en larmes. Sans pitié, Saïd l'a menacée de meurtre. Il lui a expliqué qu'il n'avait rien à perdre puisqu'il n'est qu'un chômeur et non un employé comme il lui avait dit. Il l'a poussée sur un divan et lui a ôté les vêtements pour la violer à deux reprises. Après, il l'a relâchée pour retourner chez elle. Dès qu'elle est rentrée chez elle, elle a tout raconté à ses parents. Une plainte a été déposée, une enquête a été diligentée et Saïd a été arrêté pour être traduit devant la justice. Il a tout nié. Et il a continué à se disculper. Mais la Cour était certaine qu'il était coupable et elle l'a condamné à quatre ans de prison ferme, assortie d'une amende de cinq mille dirhams.