Prétendant être amoureux de sa bonne, encore mineure, Karim a fini par la violer avant de la livrer à son propre sort. A seize ans, Leïla a quitté pour la première fois sa ville natale, Khouribga, pour arriver à Casablanca. Elle a été confiée à sa tante qui se chargera de la conduire au foyer d'une autre famille chez qui elle devait travailler comme « bonne à tout faire». Leïla a été accueillie chaleureusement par son employeuse. «Tu seras comme ma fille», lui a-t-elle dit. Elle lui a expliqué qu'elle a fait appel à elle seulement pour l'aider et non pas pour faire tous les travaux ménagers. Elle lui a réservé un endroit pour dormir dans la chambre de sa fille, lui donnait sa part du même plat partagé par la famille et l'invitait même parfois à partager le repas avec le reste de la famille autour d'une même table. Bref, elle la traitait comme sa propre fille. Elle lui achetait également des vêtements. Son employeuse était généreuse avec elle. Leïla était très heureuse, gaie, pleine de joie d'être traitée comme membre de la famille et d'être éloignée du gouffre de l'indigence. Elle n'avait jamais rêvé être dans une grande ville comme Casablanca, bien accueillie par une famille aisée, bien habillée, bien nourrie et bien traitée. Elle n'a jamais pensé être aimée un jour par un jeune garçon. «Je t'aime Leïla», lui a chuchoté Karim quand il a fait irruption dans la cuisine loin des regards de sa mère. Il s'agit du fils de ses employeurs, âgé de vingt ans, célibataire et sans profession. Il passait la majorité de son temps chez lui, à dormir ou à regarder la télévision. Depuis qu'il a été renvoyé du collège, il ne sort que rarement. Leïla a cru à ses paroles. Elle n'a jamais entendu des mots mielleux comme ceux que lui chuchotait le fils de son employeuse. Il lui a affirmé qu'il ne fermait plus les yeux et qu'il rêvait d'elle toute la nuit. Son image hantait son esprit, jour et nuit, qu'elle soit devant lui ou pas, prétendait-il. «J'attends l'occasion propice pour révéler cette vérité à ma famille et te demander en mariage», lui disait-il à tout bout de champ. Leïla a commencé à l'aimer; elle attendait qu'il lui dise des mots doux. Ils s'embrassaient loin des yeux de ses employeurs. Elle n'a jamais voulu laisser les choses aller plus loin. Elle refusait de se laisser faire. Seulement, en ce jour du mois de juin, il a décidé d'aller jusqu'au bout quand il a remarqué que personne n'était à la maison. Il était 10 h du matin quand il s'est réveillé. Il s'est lavé le visage et a demandé à Leïla de lui préparer son petit-déjeuner. Quand elle est entrée dans sa chambre, elle s'est aperçue qu'il était complètement nu. Il s'est approché d'elle. Leïla l'a supplié de la laisser tranquille car son employeuse risquait de rentrer à tout moment. Karim n'écoutait que son désir qui le poussait à lui ôter tous ses vêtements et à abuser d'elle sans prendre en considération qu'elle était encore mineure et vierge. Tel un monstre, il l'a dépucelée et lui a demandé de se rhabiller après avoir assouvi son désir. Leïla a fondu en larmes. Karim lui a demandé de cesser de sangloter et lui a promis le mariage. Elle l'a cru encore une fois. Seulement, au fil des jours, il n'a pris aucune initiative. Et Leïla n'a pas tardé à dévoiler le secret à la fille de ses employeurs. Ces derniers lui ont demandé de garder le secret au moins pour quelques jours avant qu'ils n'aillent à Khouribga pour rencontrer ses parents et demander sa main. Une promesse qui n'a pas été tenue. Un mois plus tard, ils se sont contentés de l'envoyer chez ses parents sans l'accompagner. Et Leïla a craché le morceau à sa mère. Une plainte a été déposée. Karim a été arrêté et traduit devant la Cour d'appel de Casablanca.