Quinze milliards de dollars sont nécessaires pour reconstruire l'Afghanistan. Entamée lundi, la conférence internationale de Tokyo devra déboucher sur du concret. Le chef du gouvernement intérimaire afghan Hamid Karzaï s'est rendu ce dimanche à Tokyo, avec pour objectif de convaincre la communauté internationale de la nécessité d'une aide importante pour son pays en faillite. « Nous nous attendons à ce que la somme soit très importante », a-t-il dit à la presse, ajoutant qu'il expliquerait aux conférenciers « les épreuves terribles que l'Afghanistan a endurées jusqu'à présent ». Le Japon, hôte de la conférence, s'est d'ores et déjà engagé à verser au pays quelque 500 millions de dollars, devançant ainsi – avec l'Arabie Saoudite – les 54 pays et 18 organisations internationales présents à Tokyo. L'Arabie Saoudite a en effet pour sa part accepter de fournir, selon le chef de l'exécutif afghan en visite dans le pays vendredi et samedi, une enveloppe de 20 millions de dollars. Avec cette contribution, Ryad envoie d'ailleurs un message très fort puisque l'Arabie Saoudite - un des trois pays, avec le Pakistan et les Emirats Arabes Unis, à avoir entretenu des relations diplomatiques avec les Taliban - avait rompu avec Kaboul après les attentats anti-américains du 11 septembre. 500 millions pour le Japon, 20 pour l'Arabie Saoudite, ces premiers versements sont toutefois loin des 15 milliards de dollars que la Banque Mondiale estime nécessaires pour financer la reconstruction du pays sur dix ans. Sans oublier que, dans l'ensemble du pays, la situation humanitaire reste plus qu'alarmante. Environ six millions de personnes n'ont pas accès au soins de base, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), alors que les infections respiratoires se multiplient avec l'hiver, et que chaque année 15.000 personnes meurent de tuberculose et 85.000 enfants de diarrhées non soignées. Au moins autant dépendent de l'aide alimentaire, certains « complètement », selon le porte-parole à Islamabad du Programme alimentaire mondial (PAM), Khaled Mansour.