Le gouvernement et les rebelles soudanais ont signé samedi à Genève un accord de paix dans le but de mettre fin à 18 ans de guerre civile. Une trêve toutefois limitée. Le gouvernement suisse a annoncé officiellement cette signature historique samedi, après cinq jours de pourparlers entamés lundi, près de Genêve, sous la direction des Etats-Unis. Cette trêve négociée entre les représentants du gouvernement soudanais et les chefs rebelles du pays, devrait donc être la première étape d'un retour au calme, après plus de dix huit années de guerre civile… Et deux millions de victimes. La trêve en question entrera en vigueur dans la région des monts Nuba, dans le centre soudanais, d'ici mardi. Elle sera supervisée par une commission militaire mixte composée de trois représentants de chacun des deux camps et présidée par une personnalité issue d'un pays neutre, à choisir ultérieurement. Ce cessez-le-feu est par ailleurs prévu, dans un premier temps, pour une durée de six mois renouvelable. Les deux parties ont convenu de garantir la liberté de mouvement de la population civile à l'intérieur de la région concernée, et d'autoriser l'acheminement par voie aérienne d'une aide humanitaire. Les rebelles du Sud – à majorité chrétienne et animiste - du Mouvement Populaire de Libération du Soudan (MPLS, branche armée de l'APLS) et la délégation gouvernementale - à dominante musulmane de Khartoum - avaient entamé lundi leur semaine de négociations à huis clos à Bürgenstock (Centre). « L'accord (...) devrait contribuer à une solution politique au conflit dans les monts Nuba », a indiqué le communiqué officiel helvétique. «Il montre que nous sommes sur la bonne voie, celle de l'installation de la paix et de la réduction au silence des voix appelant à la guerre », a commenté le conseiller présidentiel Ghazi Salah el-Din, sur les ondes de la radio publique soudanaise Radio-Omdurman. De son côté, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Mustafa Osman Ismaïl, a déclaré à l'agence de presse égyptienne Mena que l'accord de cessez-le-feu signé à Genève était une première étape importante. « Cette mesure doit être suivie par d'autres parce que nous voulons que la paix s'instaure dans l'ensemble du pays, pas seulement dans les monts Nuba », a-t-il expliqué. Le Soudan subit une guerre civile mettant aux prises depuis 1983 les insurgés sudistes, pour l'essentiel Chrétiens ou Animistes - qui réclament une plus grande autonomie de leur région – au gouvernement militaro-islamiste de Khartoum. Depuis les événements du 11 septembre, les Etats-Unis avaient dépêché un émissaire pour la paix, John Danforth, ancien sénateur républicain. Acteur de la première initiative de paix en novembre dernier, John Danforth est retourné samedi 12 janvier dans la région. Il avait confié espérer que la conclusion d'un tel cessez-le-feu aux monts Nuba servirait de modèle pour le reste du pays. Mais cette trêve reste précaire. Selon un rapport de l'ONU publié en décembre, la situation dans la région Nuba s'est détériorée avec une recrudescence des violations des droits de l'Homme ainsi qu'une pénurie croissante d'eau potable.