Ce qui arrive à Samira Sitaïl n'est pas un hasard. Cela devait arriver. Elle paie aujourd'hui le prix d'un engagement personnel et professionnel total, pour un Maroc plus ouvert, plus moderne et plus libre, qui l'a mise au cœur de toutes les insuffisances et de toutes les petites lâchetés du pays. Ce qui arrive à Samira Sitaïl n'est pas un hasard. Cela devait arriver. Elle paie aujourd'hui le prix d'un engagement personnel et professionnel total, pour un Maroc plus ouvert, plus moderne et plus libre, qui l'a mise au cœur de toutes les insuffisances et de toutes les petites lâchetés du pays. Voilà une femme journaliste que l'on menace physiquement. Elle a été menacée de mort, les témoins et les preuves existent. Et personne n'y trouve à redire, même les démocrates professionnels et les droits-de-l'hommiste patentés se sont détournés de son sort. Une femme seule, honnie, livrée à un destin improbable. Cette même femme fait l'objet durant de nombreux mois de campagnes de presse insultantes, diffamatoires et attentatoires à sa dignité. Personne ne s'en émeut. Sauf bien sûr sa famille qui vit cela au jour le jour dans l'affliction, la douleur et le doute. Aujourd'hui, une pétition publique diffusée par la presse est lancée contre elle pour qu'elle soit démissionnée de son poste parce que, tout simplement, elle est ce qu'elle est : une femme d'action et de caractère, une professionnelle qui sait ce qu'elle veut et une femme de responsabilités qui les assument. Mais les malheurs de Samira ont une origine. Une seule et on ne trompera personne en mettant en avant des arguments fallacieux qui sont là pour cacher la vérité. Ni sa gestion de la direction de l'information de 2M, ni son rapport avec les journalistes de cette chaîne, ni sa maîtrise insuffisante de l'arabe classique ne sont, sur le fond, en cause. Balivernes. Ce qui lui est reproché, c'est d'avoir été associée au Collectif de Paris, constitué d'un certain nombre de personnes issues de la société civile, qui a réagi en juillet dernier, contre la publication par le quotidien français Le Monde d'un article de Jean- Pierre Tuquoi diffamatoire à l'égard du Chef de État, insultant envers les Marocains, et calomnieux à l'endroit de notre pays. C'était une réaction noble, libre, autonome et assumée de la part de citoyens marocains responsables. Un mémo, signé notamment par Samira Sitaïl, et non un droit de réponse, a été déposé à la rédaction de ce journal qui au demeurant a reçu avec courtoisie certains membres du Collectif. Pour mémoire et pour ne tromper personne nous vous donnons à lire ce texte qui s'intitule « En attendant le Monde ». Jusque-là rien de particulier qui puisse justifier une cabale haineuse. Mais les dérapages vont vite commencer dans une hystérie incompréhensible. Des pressions insupportables sont exercées sur les membres du Collectif de Paris pour qu'ils se retirent et qu'ils renient la démarche. Première victime : Mohammed M'jid alors que c'est lui, par sa vision, son autorité morale et par son passé militant, qui a été un catalyseur de cette démarche. C'est lui qui a entrepris toutes les démarches auprès du « Monde », réglé le rendez-vous et les contacts avec d'autres journalistes français. Son analyse était simple et est partagée : « On ne peut pas laisser Le Roi du Maroc, S.M. Mohammed VI, se faire diffamer par un journaliste sous influence sans que l'on puisse marquer notre profond désaccord et notre indignation ». Un point c'est tout. Or il fallait neutraliser ce monsieur afin de lui faire renier platement sa démarche. Ce fût un échec total, malgré la batterie de désinformation puérile qui s'est déclenchée. Les manœuvres ont continué. Il fallait passer à une autre phase. Samira Sitaïl. Elle devient tout de suite, selon ses détracteurs, l'inspiratrice et la manipulatrice du Collectif de Paris. La meute est lâchée. Samira Sitaïl est jetée aux chiens. Et cela continue sans que l'on sache, à aucun moment, ce qui lui est véritablement reproché, à elle et aux autres membres du comité. Ses convictions monarchiques ? Son indignation, active dans ce cas, contre une diffamation ? Ou le fait qu'elle ait porté avec d'autres la contradiction à Paris, là-même où se trament les intrigues les plus enfantines, les complots les plus amateurs et les actions les plus pleurnichardes ? Si c'est de ça qu'il s'agit. Samira Sitaïl avait mille fois raison de s'engager dans cette action et ce qui lui arrive aujourd'hui devrait, a contrario, la conforter dans ses convictions. La meute, elle, à contre courant de l'Histoire continuera à déchiqueter, dans la haine et la rancœur, l'honneur de gens honnêtes.