L'application et la mise en œuvre des recommandations de l'IER soulèvent un tollé auprès de la société civile et posent la question de l'institution qui doit s'en charger. Les composantes de la société civile s'inquiètent du sort des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER). Depuis que le Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) a rendu public, le 7 décembre 2009, son rapport sur le suivi des recommandations de l'IER, le débat sur le legs de feu Driss Benzekri ne cesse de susciter des réactions. La société civile tire la sonnette d'alarme. Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme ont exprimé, à maintes reprises, leur inquiétude devant «le peu de progrès réalisé» dans la mise en œuvre de ces recommandations (lire les quatre grandes recommandations de l'IER en page 6). Le Conseil présidé par Ahmed Herzenni est pointé du doigt. Le Forum marocain pour la vérité et la justice a affirmé, mardi 23 février, dans un rapport rassemblant ses observations sur le rapport du CCDH, que la majorité des recommandations de l'IER n'a pas été appliquée. «Le CCDH nous a fait perdre beaucoup de temps avant d'annoncer son incapacité d'accomplir sa mission», s'insurge Mustapha El Manouzi, président du FVJ, dans un entretien accordé à ALM (lire page 8). La vision du CCDH à propos du suivi des recommandations de l'IER «est très réductrice et dilue la responsabilité de la direction et de vigilance du processus de mise en œuvre de ces recommandations en tant que clé de la non réédition des graves violations», relève-t-on dans le rapport du FVJ. Ceci étant, le Forum a entamé, récemment, dans le cadre de son programme d'action, une série de rencontres avec les formations politiques. L'objectif de cette démarche étant, selon les dirigeants du Forum, d'inciter les acteurs politiques et associatifs à œuvrer pour la concrétisation des recommandations de l'IER. «Le rythme de réalisation des chantiers reste en deçà de nos aspirations», indique, par sa part, Amina Bouayach, présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH). Selon cette dernière, c'est «le gouvernement qu'est le premier responsable de la mise en œuvre des recommandations». Les partis politiques se sont également prononcés sur ce dossier (voir les réactions ci-dessous). Malgré ces critiques, le CCDH a affirmé, dans le cadre de son dernier rapport, qu'il a «réussi à concrétiser un grand nombre de recommandations de l'IER, grâce notamment à l'existence d'une volonté politique appuyant et soutenant ce processus et lui garantissant la réussite dans le contexte de la transition démocratique que connaît le Royaume». Le CCDH souligne, en outre, que «de nombreux mécanismes et instruments ont été mis en place pour accompagner la mise en œuvre de ces recommandations, évaluer les actions réalisées, préserver les acquis, mettre en place des garanties visant à immuniser l'avenir contre toute répétition des violations». Le point qui divise reste donc lié à l'institution qui doit se charger de l'application et de la mise en œuvre des recommandations de l'IER pour que le travail lancé par feu Driss Benzekri ne reste pas lettre morte.