M. Christopher Ross, qui reprend pied dans la région pour une nouvelle tournée des capitales, a de moins en moins la possibilité, nous semble-t-il, de jouer à l'équilibriste. La lettre des sénateurs américains à Hillary Clinton au sujet du Plan d'autonomie marocain au Sahara est sans conteste un joli coup joué par la diplomatie marocaine. C'est net et tranchant. Le soutien des Américains au Plan d'autonomie ne date pas d'aujourd'hui. Il est depuis longtemps une donnée centrale dans la recherche d'une solution à ce conflit. En feignant d'ignorer ce fait majeur, nos adversaires ne font que prolonger les souffrances des séquestrés parqués dans le désert algérien depuis plus de trois décennies. Cette situation déstabilise la région, freine son développement et favorise à une grande échelle l'insécurité et le terrorisme. Seul Alger continue, dans un autisme exceptionnel, à faire semblant de ne pas admettre cette donnée géopolitique aujourd'hui incontournable. M. Christopher Ross, qui reprend pied dans la région pour une nouvelle tournée des capitales, a de moins en moins la possibilité, nous semble-t-il, de jouer à l'équilibriste. Il va assez vite découvrir le principe Van Walsum. Comme chacun sait, ce principe stipule que ce qui est réaliste est réalisable, et que ce qui est irréaliste n'est pas réalisable. Son prédécesseur avait compris que les tenants de l'option de l'indépendance s'enfermaient dans l'échec et le statu quo mental. En dehors de toute rationalité et dans une obstination absurde, ils allongeaient inutilement la durée de ce conflit qui a désormais, de l'avis de tous, une excellente base juridique et politique pour sa solution. Les réunions informelles de M. Ross et la reprise attendue du processus de Manhasset ne pourront rien faire pour la paix si l'Algérie n'est pas mise devant ses vraies responsabilités. Il faut que la communauté internationale, par les moyens les plus légitimes, ramène ce pays à la raison en l'obligeant à assumer ses devoirs à l'égard des peuples de la région qui aspirent tous à la sécurité, à la prospérité et à la coexistence pacifique. M. Ross, s'il avait tout son temps, arrivera tôt ou tard à cette conclusion. Mais en dispose-t-il vraiment ?