L'Algérie n'a pas convié le Maroc à prendre part à la conférence régionale sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne. Le Royaume regrette cette attitude d'exclusion. Le Maroc déplore la réaction négative de l'Etat algérien au sujet de la tenue à Alger d'une conférence sur la lutte contre le terrorisme. C'est ce qu'indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération rendu public mardi 16 mars. En fait, l'Algérie n'a pas convié le Maroc à la conférence régionale sur la coopération en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dans la région sahélo-saharienne, qui a eu lieu hier mardi à Alger. Sept pays de la région participent à cette rencontre, à savoir le Tchad, la Libye, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Mali en plus de l'Etat hôte. «Le Maroc déplore la réaction négative des autorités algériennes et regrette cette attitude d'exclusion face à une menace pourtant commune et identifiée qui exige nécessairement une réponse concertée et collective au bénéfice de la consolidation de la paix et de la sécurité régionales et de la promotion du progrès et du développement dans toute la sous-région», souligne le communiqué du département de Taïeb Fassi Fihri. «Convaincu de la nécessité d'une démarche basée sur la conjugaison des efforts et la coordination des actions pour faire face aux défis sécuritaires régionaux, intimement liés à la paix et la stabilité de chacun des Etats de la région, le Maroc avait exprimé, officiellement, sa disponibilité à prendre part à cette réunion et à contribuer activement à son succès et avait saisi, dans ce sens, le pays hôte, l'Algérie», note le ministère. Tout en excluant le Maroc, un partenaire stratégique de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme d'Al Qaïda, l'Algérie a affirmé paradoxalement être consciente de l'importance de la coordination entre les Etats de la région. «A l'évidence, l'instauration d'une coopération frontalière efficace et multiforme entre nos pays est cruciale», a avoué Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, à l'ouverture des travaux de la conférence. «Notre rencontre témoigne de notre prise de conscience que la sécurité et la paix sont un préalable au développement» de cette région où «le terrorisme, qui connaît des développements dangereux, et ses alliances avec le crime organisé constituent des menaces réelles», a dit le chef de la diplomatie algérienne. En fait, la région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence des activités de trafiquants et contrebandiers en tous genres mais aussi de groupes affiliés à Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «L'absence du Maroc de ladite conférence régionale de coordination est inconcevable. Vu sa position géostratégique, le Maroc est un partenaire incontournable de la communauté internationale dans la lutte contre la criminalité transnationale d'Al Qaïda. Donc, d'après ce constat, cette conférence est vouée incontestablement à l'échec», souligne Mohamed Taleb, membre du Corcas dans une déclaration à ALM. «La décision d'Alger d'exclure le Maroc n'est qu'une fuite en avant. Ceci montre clairement que l'Etat algérien n'a pas la volonté de traiter de manière sincère et efficace le problème de l'AQMI. En réalité, derrière la tenue à Alger de la conférence de coordination se dissimulent les objectifs de propagande du régime algérien. Car tout le monde sait que l'Algérie est la principale source des terroristes dans la région du Maghreb», explique-t-il. «L'Algérie n'a nullement de politique sécuritaire cohérente pour la lutte contre le danger de l'Aqmi. Elle est le premier producteur de terroristes dans la région. En plus, Alger n'est toujours pas en mesure d'assurer la sécurité de ses frontières Sud. De quelle coordination régionale parle donc Alger? L'Algérie est le dernier Etat de la région à parler de la coordination. Ceci motive, à mon avis, la décision de l'exclusion du Maroc. Car si les experts marocains auraient été présents à la conférence, ils auraient tout simplement mis à nu la défaillance du système sécuritaire algérien», explique, pour sa part, Mohamed Réda Taoujni, président de l'Association le Sahara Marocain dans une déclaration à ALM. Al Qaïda au Maghreb islamique a confirmé, dans un récent communiqué, «son intention de faire de la région du Sahel son terrain de chasse privilégié, et probablement un futur Afghanistan». Selon les experts internationaux, l'expansion des activités de l'AQMI est due essentiellement à la faiblesse de la coordination entre les Etats de la région. L'exclusion du Maroc de cette conférence est la preuve de ce manque de coordination en matière de lutte contre le terrorisme.