Dagja Lachgar, l'une des membres du groupe Tamek détenus, a bénéficié, jeudi 28 janvier, de la liberté suite à une requête de l'association le Médiateur pour la démocratie. Khadija Marouazi, secrétaire générale de cette association, parle de son intervention dans ce dossier. ALM : L'association de défense des droits de l'Homme le Médiateur pour la démocratie suit de près l'affaire des membres de groupe Tamek détenus à la prison de Salé. Pourquoi et comment s'est faite votre intervention dans ce dossier ? Khadija Marouazi : L'intervention du Médiateur pour la démocratie dans le dossier des sept détenus s'est faite à partir du moment où il a été porté à notre connaissance que l'état de santé de Madame Dagja Lachguar, l'une de ces détenus, s'est détérioré. En fait, c'est Soukaina Bourejâa, une amie à Mme Lachgar, ainsi que sa sœur Safia, et d' autres familles qui nous ont informé de cela. Mme Bourejâa nous a affirmé qu'elle avait demandé au juge d'instruction de lui permettre de visiter Mme Lachgar. Le juge d'instruction a répondu favorablement à sa demande mais les autorités pénitentiaires lui ont interdit la visite. C'est à partir de ce moment là que nous nous sommes intervenus. En effet, nous avons contacté dans ce sens Hafid Benhachem, délégué général de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion. M. Benhachem a répondu favorablement à notre requête et c'est ainsi que Djimy Lghalia et moi-même avons rendu visite à Dagja Lachgar le 30 décembre dernier. Lors de la visite, nous avons constaté que Mme Lachgar n'allait pas bien. C'est ainsi que nous avons adressé une lettre à l'administration pénitentiaire lui sollicitant l'expertise médicale pour la dame. Deux médecins spécialisés ont fait l'expertise à Mme Lachgar le 4 janvier dernier, et sur la base du rapport médical, nous avons présenté à travers notre avocat Maître Hassan Semlali, une requête aux autorités judiciaires leur demandant que Mme Lachgar soit poursuivie en état de liberté. Entre-temps, nous avons plaidé auprès de l'institution compétente, pour lui faciliter la visite de ses amis et les membres de sa famille en direct. El le jeudi 28 janvier dernier, Mme Lachgar a bénéficié de la liberté. Lors de votre visite à la prison de Salé, avez-vous rencontré les autres membres du groupe Tamek ? En réalité, c'est Ali Salem Tamek qui a demandé à nous rencontrer lors de notre visite à la prison de Salé. Effectivement, nous l'avons rencontré et il nous a fait savoir, lors de notre entrevue, ses diverses revendications. Nous lui avons promis que nous allons lui rendre une autre visite prochainement. Nous avons également rencontré Brahim Dahane. En fait, le Médiateur pour la démocratie suit de près le dossier des sept détenus. Nous sommes en contact presque quotidien avec leurs familles. Nous avons demandé, par ailleurs, à l'administration pénitentiaire de pouvoir rendre visite dans les prochains jours à tous les membres du groupe Tamek pour pouvoir discuter leurs revendications dans les détails. Justement, quelles sont ces revendications ? En fait, il y a des revendications qui se rapportent au volet sanitaire alors que d'autres se rapportent à la situation des membres du groupe au sein de la prison. Ainsi, les sept détenus veulent qu'ils soient rassemblés dans une seule chambre. Les détenus exigent l'amélioration des conditions de vie au sein de la prison, notamment le droit à la douche plusieurs fois par semaine, le droit de consulter l'ensemble des journaux, le droit à une pause en plein air, le droit à la visite directe de leurs familles... Le Médiateur pour la démocratie a déjà porté ces revendications à la connaissance l'administration pénitentiaire. Comment évaluez-vous le traitement réservé par l'administration pénitentiaire à ces revendications ? Ce que nous constatons aujourd'hui au Maroc, d'une manière générale, qu'à chaque fois que le mouvement de défense des droits de l'Homme se plaint d'un point déterminé se rapportant aux droits de l'Homme, je ne vois pas comment les autorités concernées refuseraient de traiter ce point. Le problème se pose, en réalité, à chaque fois que le traitement de ce point sort du cadre des droits de l'Homme et fait l'objet d'une surenchère politique. L'écart devient dans ce cadre plus grand et la situation se complexifie. En ce qui concerne le groupe Tamek, certaines revendications des détenus ont été réalisées et on attend pour les autres. Nous avons demandé récemment une rencontre avec M. Benhachem. Cette rencontre devrait être tenue dans les prochains jours. Certaines ONG disent que les détenus du groupe Tamek font l'objet d'un mauvais traitement de la part des autorités pénitentiaires. Avez-vous constaté cela lors de votre rencontre avec les détenus? En tant que représentante d'une ONG des droits humains, je ne suis pas en compétition avec les autres associations de défense des droits de l'Homme qui affirment ou démentent ce constat. Toutefois, je tiens à signaler tout de même qu'aucun des membres du groupe que nous avons rencontré ne s'est plaint d'un mauvais traitement. Les détenus ont des revendications claires qui se rapportent à la vie au quotidien des sept détenus. C'est normal, la loi garantit des droits aux prisonniers. Je veux également signaler un point qui est très important. Les membres du groupe Tamek sont connus pour leur honnêteté intellectuelle. Ils nous ont affirmé qu'ils ont fait l'objet d'un bon traitement. En réalité, nous nous réjouissons de ce constat. Maintenant, et en attendant que la justice tranche dans ce dossier, le message que nous voulons adresser aux autorités compétentes c'est qu'elles sont appelées à respecter la dignité des sept détenus et leur droit légitime à un procès équitable.